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ou état de purification


Jésus nous invite à savoir interpréter les signes des temps, car ceux qui n’auront pas su les discerner seront jugés  et  mis  en prison. Ils n’en sortiront  pas avant  d’avoir « rendu jusqu’au dernier sou ». Ce verset évoque une durée limitée pour la peine infligée, même si l’expiation doit être complète. En effet, rien de souillé ne peut entrer dans le royaume du ciel. Or, l'âme est souillée non seulement par le péché mortel, mais encore par le péché véniel et les imperfections.


Quand une âme est séparée de son corps et qu'elle est souillée par des péchés véniels ou des imperfections, elle ne va pas en enfer, parce que l'enfer est réservé pour celles qui ont commis le péché mortel et qui sont mortes en cet état. Elle va dans le purgatoire, c'est-à-dire là où Dieu la place pour expier ses souillures et les faire disparaître toutes. C'est là aussi que Dieu retient les âmes qui n'ont point encore satisfait à sa justice pour leurs péchés mortels, mais qui en ont reçu le pardon par l'absolution du prêtre ou un acte de contrition parfaite avant de mourir. Toutes les âmes du purgatoire sont en état de justice : elles ne peuvent ni pêcher ni commettre aucune sorte de mal. Elles aiment Dieu par-dessus tout et de l'amour le plus pur. Elles tendent vers Dieu, mais ne peuvent encore aller à lui. Elles doivent expier au purgatoire.


La peine de ces âmes est double : elles souffrent la peine de la privation de Dieu et aussi la peine du feu. La peine qu'elles éprouvent de la privation de la vue de Dieu est au dessus de tout ce que l'on peut imaginer car ces âmes comprennent alors quel est le prix de la possession de Dieu ; elles ne tiennent à rien, si ce n'est à Dieu; elles n'aiment rien, si ce n'est Dieu ; elles voudraient le posséder, et sont retenues captives loin de lui. Leur amour pour Dieu est si grand qu'elles souffrent infiniment d'être séparées de lui.  A cette peine tout intérieure se joint la peine du feu, auquel fait allusion saint Paul : « Si l’œuvre bâtie par quelqu’un sur le fondement subsiste, il recevra une récompense. Si l’œuvre de quelqu’un est consumée, il perdra sa récompense ; pour lui, il sera sauvé, mais comme au travers du feu » (1 Co 3,15).


Si le terme purgatoire ou feu purificateur est utilisé à partir du IVe ou Ve siècle,  le  principe d’une purification post mortem ne date donc pas du Moyen Âge comme certains l’affirment, mais se trouve bien dans la Bible. Vers 400, saint Augustin emploie aussi les mots « feu purificateur - Ignem purgationis » que l’on traduit par purgatoire.

Les témoignages de manifestations d'âmes du Purgatoire à des vivants pour demander des prières sont innombrables.


Avant de donner quelques témoignages concrets qui entrebâillent la porte vers l’inconnu, il faut admettre que l'état des âmes qui se purifient, sans être totalement incompréhensible, est difficile à décrire  : leur béatitude n'est pas celle du Ciel, où les joies sont sans mélange, et leurs tourments ne sont pas ceux de l'enfer, où la souffrance est sans adoucissement. Leurs peines n'ont aucune analogie avec celles de la vie présente où les jours heureux alternent avec les jours de tristesse. Ces âmes sont heureuses et malheureuses simultanément. Les peines les plus dures sont indissolublement unies en elles aux joies les plus grandes qui puissent se concevoir, si l'on excepte celles du Ciel, car ces âmes sont assurées de leur salut. Elles aiment Dieu, elles détestent leurs fautes et elles ne peuvent plus opérer aucun mal. Elles ne sont pas livrées au désespoir, elles ne sont pas au contact des démons, elles savent qu'elles ne sont pas mortes en état de péché mortel, mais qu'elles sont en état de grâce et agréables à Dieu. Elles ne sont plus sujettes aux passions. Elles n'ont qu'un désir, celui de briser le lien qui les empêche de s'élancer vers Dieu, qui les appelle à lui.


Si l’Église ne dit pas que le purgatoire est quelque part ; par contre, l’évangile fait à plusieurs reprises allusion au feu. Pour s’en tenir à l’évangile de Matthieu  : 3, 12  ; 5, 22  ; 13, 42  ; 18, 9  ; 25, 41. C’est pourquoi, on a coutume de dire le «  feu du purgatoire. »

Un fait étrange et authentifié survenu à Foligno, près d'Assise, en Italie, donne à croire que le feu de l'autre vie est une réalité : le 4 novembre 1859, une religieuse meurt au couvent des tertiaires franciscaines. Douze jours après, une sœur entend des gémissements qui semblent venir de l'intérieur de la chambre de la défunte. Elle ouvre la porte ; il n’y a personne. Mais de nouveaux gémissements se font entendre, et bientôt elle entend une voix plaintive et un douloureux soupir. La sœur stupéfaite reconnaît aussitôt la voix de la défunte et lui demande : « Et pourquoi ? » « A cause de la pauvreté », répond-elle. « Comment ! Vous qui étiez si pauvre !» « Aussi n'est-ce pas pour moi-même, mais pour les sœurs à qui j'ai laissé trop de liberté à cet égard. Et toi, prends garde à toi-même. » Et au même instant, toute la salle se remplit d'une épaisse fumée, et l'ombre de la sœur apparaît se dirigeant vers la porte. Arrivée près de la porte, elle s'écrie avec force : « Voici un témoignage de la miséricorde de Dieu ! » Et en disant cela, elle frappe le panneau le plus élevé de la porte, y laissant, creusée dans le bois calciné, l'empreinte de sa main droite ; puis, elle disparaît.

Toute la communauté accourt aux cris de la sœur terrorisée et sent une odeur de bois brûlé. Les sœurs aperçoivent alors sur la porte l’empreinte ayant la forme de la main de la défunte. Plus tard, elle remercie les sœurs pour leurs prières, les encourage et se transfigure en une nuée légère, blanche, éblouissante. Elle s'envole au ciel et disparaît. Une enquête canonique a alors lieu. On ouvre le tombeau de la sœur et l'empreinte calcinée de la porte se trouve exactement conforme à la main de la défunte.


La porte, avec l'empreinte calcinée, est conservée dans le couvent. Le fait est raconté, parmi bien d'autres, par un jésuite : François-Xavier Schouppe (1823-1904) dans son livre Le Dogme du purgatoire illustré par des faits et des révélations particulières, Bruxelles : Société belge de librairie, et Paris : Société générale de librairie catholique, imprimatur, 1888. 14. Voulant s’assurer de la parfaite exactitude de ces détails, le jésuite a écrit à l’évêché de Foligno. On lui a répondu avec une relation circonstanciée en accord avec le récit, et accompagnée d’un fac-similé de l’empreinte miraculeuse.

De tels faits, même si personne n’est obligé d’y porter crédit, donnent à réfléchir, car la question des fins dernières est un sujet tabou. A la mort, tous les attachements humains s’en vont, comme toutes les vanités de la condition humaine. Les aspirations, même les plus légitimes, comme le désir de réussir, se dissipent aussi, car l’être se porte alors vers Dieu, devenu le seul et unique bien véritable. Après la mort, il reste à l'âme le bonheur d’avoir aimé et parfois l’amer regret d'avoir, par sa faute, retardé la vision béatifique. Après quelques jours passés dans le deuil et reçu quelques hommages, l’oubli fait un singulier contraste avec les serments pleins d'immortalité.


Nous percevons ici que la prière pour les défunts est un vrai acte de charité. Pour ne citer qu’un exemple, Thérèse Martin a récité chaque soir, jusque dans sa dernière maladie, six Notre Père et six Je vous salue Marie en faveur des âmes du Purgatoire.


Dans l’histoire de l’Église, des fidèles, souvent canonisés, ont vécu des expériences n’engageant nullement la foi, mais qui méritent d’être connues pour aider à la réflexion  ; nous donnons ci-après quelques exemples au fil des siècles, avant d’évoquer l’expérience propre de certains membres de la famille salésienne.

Au 6e s. Grégoire le Grand (540-604) donne des exemples où Dieu a permis aux âmes du purgatoire de se manifester aux vivants ( Dialogues, Paris  : Téqui, 1978) et au 11e siècle, Bernard de Clairvaux, dans sa Vie de saint Malachie, cite un fait curieux concernant sa sœur morte depuis quelque temps  :

Une nuit il entend en songe une voix lui disant que sa sœur est là, dans le vestibule, et n'a rien pris depuis déjà trente jours entiers ; il s'éveille à ces mots, et, comprenant de quel genre de nourriture elle est privée, il se rend compte que cela correspond au temps qui s'est écoulé depuis qu'il n'a pas offert pour elle le sacrifice de la messe. Il reprend sa bonne œuvre et peu de jours après, il lui semble la voir arrivée à la porte de l'église, sans pouvoir entrer, et la robe qu'elle porte est de couleur sombre. Il persévère, et il la revoit avec une robe presque blanche, elle peut désormais entrer dans l'église, sans qu’il lui soit permis de toucher à l'autel. Enfin, il la revoit une troisième foi mêlée à la troupe de ceux qui portent des robes blanches, portant elle-même la robe d’innocence. (Vie de saint Malachie, Paris  : 1866, Abbaye Saint Benoît de Port-Valais, CH 1897 Le Bouveret, 5, 11.)


Marguerite-Marie Alacoque raconte son expérience personnelle concernant un bénédictin  :

« Comme j'étais devant le Saint Sacrement le jour de sa fête, tout d'un coup il se présenta devant moi une personne toute en feu, dont les ardeurs me pénétrèrent si fort, qu'il me semblait que je brûlais avec elle. L'état pitoyable où elle me fit voir qu'elle était en purgatoire me fit verser abondance de larmes. Il me dit qu'il était ce religieux bénédictin qui avait reçu ma confession une fois […] il me dit que le sujet de ses grandes souffrances était qu'il avait préféré son propre intérêt à la gloire de Dieu, par trop d'attache à sa réputation ; la seconde était le manquement de charité envers ses frères ; et la troisième, le trop d'affection naturelle qu'il avait eu pour les créatures, et le trop de témoignages qu'il leur en avait donné dans les entretiens spirituels, ce qui déplaisait beaucoup à Dieu. Mais il me serait bien difficile de pouvoir exprimer ce que j'eus à souffrir pendant ces trois mois […] Au bout des trois mois, je le vis bien d'une autre manière, car tout comblé de joie et de gloire, il s'en allait jouir de son bonheur éternel ; et, en me remerciant, il me dit qu'il me protégerait devant Dieu. Mais j'étais tombée malade, et comme ma souffrance cessa avec la sienne, je fus bientôt guérie. » (Sainte Marguerite-Marie, Œuvres choisies, op. cit., 98, p. 101.102).


Marie-Anne Lindmayr  (1657-1726) Cf. Mes relations avec les âmes du purgatoire, Stein am Rhein  : Éditions Christiana, 1974.) est aussi en relation avec les âmes du purgatoire. Elle reçoit des précisions sur la cause, la nature et la durée de leurs souffrances, ainsi que sur l'intensité et la durée de leur expiation. Elle endure de grandes souffrances pour les délivrer. Ses révélations et visions peuvent convaincre davantage qu’une présentation doctrinale sur la doctrine des fins dernières. Son procès de béatification, introduit en 1727, n’a pas abouti pour l’instant.


Jean-Marie Vianney (le curé d’Ars) se trouve souvent en relation directe avec les défunts. (Francis Crochu, Le curé d’Ars, op. cit., p. 568-603). Ses biographes citent quelques exemples  :

Une jeune religieuse de Saône-et-Loire, après l’avoir consulté sur sa vocation, veut savoir de lui si son père, mort par accident, est sauvé. Il lui répond  : « Oui, mon enfant, mais il est bien bas. Priez beaucoup pour lui. »


Une dame pieuse a un mari qui ne pratique pas. Elle prie pour sa conversion, car il est proche de sa fin. Elle aime à orner une statue de la Vierge placée dans sa maison. Son mari cueille parfois des fleurs et lui offre, sachant bien quel usage elle va en faire. Il meurt subitement. Le chagrin de son épouse est tel qu’elle en tombe malade. Venue à Ars, le curé lui dit  : «  Avez-vous oublié les bouquets de fleurs que vous offriez à la Sainte Vierge ? »


Une autre fois le curé d'Ars s’arrête devant une dame, se penche à son oreille et dit  : « Il est sauvé. » Comme elle doute, Jean-Marie reprend : « Il est sauvé. » Comme la personne doute encore, car son mari s’est suicidé, le saint, scandant bien tous les mots, continue : « Je vous dis qu'il est sauvé. Il est en purgatoire et il faut prier pour lui. Entre le parapet du pont et l'eau, il a eu le temps de faire un acte de repentir. C'est la Sainte Vierge qui lui a obtenu sa grâce. Rappelez-vous le mois de Marie dressé en votre chambre. Quelquefois votre époux, bien qu'irréligieux, s'est uni à votre prière. Cela lui a mérité le repentir et un suprême pardon. »


Francis Trochu cite aussi le cas d'une personne venue de Paris qui, lui ayant demandé où était l'âme d'un de ses parents décédé depuis peu, reçoit cette réponse  : « Il n'a pas voulu se confesser au moment de la mort. » Le mourant avait en effet refusé le prêtre.


A plusieurs reprises, par contre, Jean-Marie console des personnes en deuil par l'assurance que l'âme envolée est déjà dans la béatitude  : « Qu’on est heureux d'avoir des parents au ciel ! disait-il à une jeune fille dont la mère venait de mourir.  » De même, une personne vraiment charitable est décédée  ; comme quelqu’un la recommande aux prières du prêtre, il répond  : « Inutile, mon enfant, de prier pour elle. » Et lorsque il est question de célébrer des messes pour le repos de son âme, il refuse, disant : « Elle n'en a pas besoin. »


Anne-Catherine Emmerich perçoit aussi la grande détresse des âmes du purgatoire et insiste sur les prières de l’Église militante (celle de la terre)  :

« Il est triste de voir combien on pense peu à secourir les âmes du purgatoire. Et pourtant leur misère est si grande ! Elles ne peuvent pas s'aider elles-mêmes  ; mais quand quelqu'un prie pour elle, souffre quelque chose pour elles, fait l'aumône pour elles, cela leur profite aussitôt. Elles sont alors aussi joyeuses, aussi heureuses qu'un homme mourant de soif auquel on présente une boisson rafraîchissante […] »

Elle se rend compte combien les éloges funèbres sont souvent déplacés et immérités et l’erreur que l’on fait parfois de croire que des êtres aimés ne peuvent qu’être déjà au Ciel  ; elle considère les louanges excessives comme un vol :

«  Elle plaignait par-dessus tout ces défunts que ceux qui leur survivent louent outre mesure et élèvent jusqu'au ciel pour leurs qualités et leurs avantages naturels, ou auxquels ces mêmes survivants portent une affection molle et exagérée, au point de ne pouvoir supporter la pensée qu'ils soient encore dans un état de souffrance et de purification : car elle voyait leurs âmes comme les plus dénuées et les plus délaissées de toutes celles qui sont dans le purgatoire. Je vois toujours, disait-elle souvent, les louanges immodérées comme un vol, comme une soustraction faite au préjudice de celui auquel sont prodigués ces éloges immérités. »


L’angoisse de l’âme des défunts est d’autant plus grande qu’ils ne peuvent attendre aucun secours d’eux-mêmes  :

«  Quand je priais sur quelqu'un de ces tombeaux, j'entendais souvent une, voix sourde, brisée, arriver à moi des profondeurs de l'abîme et me dire en gémissant : « Aidez-moi à sortir. » Et je sentais distinctement en moi-même l'angoisse d'une personne absolument dénuée de tout secours. Je priais toujours pour ces délaissés, ces oubliés, avec plus d'ardeur et de persévérance que pour les autres.  »

Elle dit aussi que tout ce que l'homme pense, dit et fait, a en soi quelque chose de vivant, qui a son effet pour le bien ou pour le mal. Celui qui a fait le mal, doit se hâter d'effacer sa faute par le repentir et la confession dans le sacrement de pénitence ; autrement il lui est difficile ou même impossible d'empêcher les conséquences du mal qu'il a fait de se développer entièrement.


Les âmes prisonnières, venant d'être délivrées, sont, par contre, dans une allégresse absolue  ; cela se produit notamment lors des fêtes de l’Église. Ainsi, elle a cette vision un 2 novembre (jour des défunts)  :

« J'allai avec mon conducteur dans un lieu où étaient renfermées des âmes. L'aspect en était morne. J'allai de tous les côtés et je donnai des consolations. Je vis ces âmes enfoncées dans les ténèbres, les unes à moitié, les autres jusqu'au cou, toutes plus ou moins. Elles étaient les unes près des autres, mais chacune comme dans une prison séparée. Quelques-unes souffraient de la soif, d'autres du froid, d'autres du chaud. Elles ne pouvaient pas s'aider et étaient en proie à des tortures et à des désirs infinis. J'en vis délivrer une très grande quantité : leur joie est inexprimable.» (K. E. Schmoeger, Vie d’Anne-Catherine Emmerich, Paris  : Téqui, 3 t, t. 3, p. 1-11).


Chez Thérèse Chappuis, les âmes du purgatoire ont une grande part dans sa vie intérieure. Elle les aide de son mieux, en incitant la communauté à prier et à faire de grands sacrifices à leur intention ; elle remet aussi le plus d'intentions de messes possibles aux prêtres de son entourage. Elle a du reste souvent des vues claires sur l'état des âmes après leur mort. Elle annonce la délivrance ou la prolongation des souffrances de presque toutes les personnes qu’elle a connues, avec des preuves manifestes. En 1875, par exemple, une dame qui vient de perdre son mari lui demande s'il est au purgatoire. Thérèse lui répond qu'un prêtre, dont elle lui donne le nom, lui dira quand son mari sera au ciel. Quelque temps après la mort de Thérèse, le prêtre en question lui annonce qu’il a reçu pendant la messe l'assurance que son mari est au ciel (Louis Brisson, Vie de la vénérée Mère Marie de Sales Chappuis, op. cit., p. 473.474.522).


Marie Lataste a eu aussi des éclairages sur les fins dernières (Vie et œuvres complètes, op. cit., Le livre douzième concerne les fins dernières, p. 214 sq.) et un jour qu’elle assiste à l’enterrement d'une femme et prie Dieu de lui faire miséricorde, elle entend le Sauveur Jésus lui parler :

« Il y a trois sortes de mort : la mort naturelle, la mort spirituelle et la mort éternelle. La mort naturelle est la séparation de l’âme et du corps ; la mort spirituelle est la séparation de l'âme et de la grâce par le péché ; la mort éternelle est la séparation de l'âme et de Dieu par la punition éternelle du péché […] Quand une âme est séparée du corps qu'elle vivifiait et qu'elle apparaît devant Dieu, son sort est immédiatement fixé et pour l’éternité. Si elle est unie à Dieu par la grâce sanctifiante, elle sera éternellement heureuse et jouira éternellement de la vue de Dieu ; si elle est séparée de Dieu, non par le péché mortel, mais par la peine due à ce péché qu'elle n’a point expié ou par le péché véniel, cette séparation ne sera que temporaire, elle est unie à Dieu par la grâce sanctifiante. Dieu, après lui avoir fait expier ce qu'elle doit à la justice divine, l’appellera dans ses tabernacles éternels. Si cette âme, au contraire, est séparée de Dieu par le péché mortel et qu'elle soit trouvée dans cet état au moment où il lui demandera compte de sa vie dans le temps, elle sera éternellement damnée […]  »


«  À l'heure de la mort, quels regrets pour le pécheur qui a fait un si mauvais usage de la vie, qui a abusé de mes grâces, qui a commis plus de péchés qu'il ne porte de cheveux sur sa tête ! Quelle consolation pour le juste qui a consacré à Dieu tout son temps, son enfance, sa jeunesse, son âge mûr et sa vieillesse, qui a correspondu aux grâces de Dieu et qui a embelli son âme de toutes sortes de vertus ! […] À l’heure de la mort, quel effroi pour le pécheur qui entend déjà le jugement que Dieu prononce contre lui, qui entrevoit l’enfer entrouvert sous ses pas pour une éternité. À l’heure de la mort, quelle fête pour le juste ! Il sait que Dieu est juste, bon et miséricordieux  ; il sait que Dieu aime les âmes de bonne volonté, qu'il a promis la récompense de l’éternité au serviteur fidèle  ; il s’abandonne à lui, remet son esprit entre ses mains divines et meurt en paix.»(Vie et œuvres complètes, op. Cit., 12, 4).


Il dit en une autre occasion :

« Savez-vous, ma fille, ce que devient une âme quand elle est séparée de son corps et qu'elle est souillée par des péchés véniels ou des imperfections  ? Elle ne va pas en enfer, parce que l'enfer est réservé pour celles qui ont commis le péché mortel et qui sont mortes en cet état. Elle va dans le purgatoire, c’est-à-dire là où Dieu la place pour expier ses souillures et les faire disparaître toutes. C'est là encore que Dieu retient les âmes qui n'ont point encore satisfait à sa justice pour leurs péchés mortels, mais qui en ont reçu le pardon par l'absolution du prêtre ou un acte de contrition parfaite avant de mourir […]  »


«  Toutes les âmes du purgatoire sont en état de justice : elles ont la vie de la grâce, elles sont confirmées en grâce, elles ne peuvent ni pécher ni commettre aucune sorte de mal. Elles aiment Dieu par-dessus tout et de l’amour le plus pur, et ne peuvent pas ne pas l’aimer. Elles tendent vers Dieu, elles soupirent vers lui, mais ne peuvent encore aller à lui. Elles doivent expier, et elles expient au purgatoire. La peine de ces âmes est double : elles souffrent la peine de la privation de Dieu ; elles souffrent aussi la peine du feu […] Sur la terre, elles n’ont point avisé à ces petites fautes qui offensent Dieu ; dans le purgatoire, elles les expient par une séparation temporaire de Dieu. À cette peine tout intérieure se joint la peine du feu, qui leur cause des tourments affreux.» (Ibid., 12, 6).


Proche de notre époque, Maria Agatha Simma a passé sa vie à aider les âmes du purgatoire par la prière, la souffrance expiatoire et l'apostolat. Née le 5 février 1915 à Sonntag (Vorarlberg), Maria Simma manifeste, dès sa jeunesse, une piété profonde, et veut devenir religieuse, mais à trois reprises elle est éconduite, à cause de sa santé précaire. Sa vie spirituelle est caractérisée par un amour filial à l'égard de la Vierge et par le désir de secourir les âmes du purgatoire, mais aussi d'aider par tous les moyens les missions. Elle voue sa virginité à Marie et se consacre à elle. Dès son enfance, elle vient en aide aux âmes du purgatoire par ses prières et en gagnant pour elles des indulgences. Voir  : Les âmes du Purgatoire m’ont dit, Stein am Rhein - Suisse : Éditions Christiana, 1969.


A partir de 1940, des âmes du purgatoire viennent parfois lui demander le secours de ses prières, puis plus tard de ses souffrances expiatoires. Parmi les personnes décédées à qui elle vient en aide, il y a notamment un prêtre de Cologne, mort en 555  ! Il lui demande des souffrances expiatoires acceptées librement, pour ne pas souffrir jusqu'au jugement dernier. C’est alors pour elle une semaine de douleurs indicibles. Toutes les nuits, cette âme la charge de souffrances terribles comme si on lui disloquait les membres et que des glaives s'enfonçaient en elle avec violence. Cette âme doit en effet expier des meurtres, sa défaillance dans la foi, des adultères et des messes sacrilèges.


Les souffrances expiatoires que Maria Agatha subit pour les avortements, l'impureté, sont aussi de terribles douleurs corporelles et d'affreuses nausées. Puis, il lui semble qu'elle gît, des heures durant, entre des blocs de glace  ; le froid la pénétrant jusqu'aux moelles, pour expier la tiédeur et la froideur sur le plan de la foi.


Maria Simma donne des conférences pour faire connaître aux gens les souffrances des âmes du purgatoire et les inciter à faire célébrer des messes pour elles. Elle reçoit un courrier abondant et elle y répond jusqu’à sa mort, survenue en 2004.


Beaucoup de saints ont témoigné de la puissante intercession de Marie pour abréger les peines des âmes du purgatoire. Du reste, Marie a donné elle-même le sens de sa médiation : «  Ces grâces sont de mon fils  ; je les prends dans son Cœur  ; il ne peut me les refuser.[» (Pellevoisin, Estelle nous parle, op. cit., p. 106).


Dans une belle vision, Anne Catherine Emmerich perçoit toute l’importance de cette médiation de Marie, refuge des pécheurs  :

«  Je vis Jésus sur un trône brillant comme le soleil et, près de lui Marie, Joseph et Jean. Devant lui étaient agenouillés les pauvres pécheurs repentants. Ils priaient Marie d’intercéder pour eux  : je vis alors qu’elle est le vrai refuge des pécheurs et que tous ceux qui ont recours à elle trouvent grâce, pourvu qu’il leur reste un peu de foi  » (Schmoeger, Vie d’Anne-Catherine Emmerich, op. cit., t. 1, p 333.334).


Marie Lataste a, pour sa part, une vision d’une telle intensité dramatique que l’on pense aux fresques du Jugement dernier  :

«  […]" Ne craignez rien, me dit l’ange qui me guidait, " venez, suivez-moi ". L’ange descendit un escalier taillé le long du mur qui entourait l’abîme  ; je descendis avec lui à une très-grande profondeur. Là, nous trouvâmes une porte fermée, l'ange l’ouvrit et je vis un grand feu comme je n’en avais jamais vu, et, au milieu de ces flammes, des personnes sans nombre affreusement torturées. Leur état me toucha à ce point que je versai des larmes, ce que je ne fais pas facilement, et je m’écriai : " Ah  ! Mes frères, combien vos tourments sont grands ! " […] " Apportez la grande balance de la justice ", dit le Sauveur Jésus. Deux anges, suivis de la sainte Vierge Marie, apportèrent la balance de la justice. Les jeunes hommes vêtus de blanc, qui étaient des anges aussi, je pense, mirent d'un côté les prières des fidèles. Les anges de la justice placèrent du côté opposé une immense quantité de papiers écrits qui étaient l’inscription des dettes qu’avaient encore à payer les âmes du purgatoire, et les prières des fidèles se trouvèrent plus légères que les écrits déposés par les deux anges. Mais Marie, se plaçant en face de son Fils, posa la main du côté des prières des fidèles, et leur valeur surpassa de beaucoup le poids des papiers écrits. Jésus regardant avec bonté sa mère lui dit : " Soyez toujours la Mère de la miséricorde. " Les jeunes hommes se précipitèrent dans l’abîme plusieurs fois et en ramenèrent toujours une victime, qu'ils revêtaient d'une robe blanche comme la leur et qu'ils présentaient ensuite à Marie. Marie l'embrassait avec amour, mettaient entre ses mains un papier blanc, et puis demandait pour elle à son Fils une bénédiction éternelle. Ce spectacle n’était point du temps, mais de l'éternité. (Ibid. 512, 7).


Jean-Édouard Lamy dont nous évoquons la figure par ailleurs, nous transmet ce que la Vierge Marie lui a dit au sujet du purgatoire et ce qu’elle fait pour libérer les âmes :

« Beaucoup de chrétiens et de chrétiennes échappent à l'enfer par son intercession. Elle promeut souvent un repentir quand l'âme se sent arrachée du corps. Dans ce moment d'extrême détresse, elle tâche de mettre un sentiment d'amour de Dieu, de repentir. La Sainte Vierge a horreur du purgatoire. C'est un triste lieu. J'aime beaucoup prier pour les âmes du purgatoire. La très sainte Vierge trouvait que je ne demandais pas assez pour elles. Elle disait : " J'étends, j'étends les grâces sur ces âmes ", les grâces que je n'osais demander […] Il faut mettre toute confiance en la Sainte Vierge. C'est elle qui tient le gouvernail […] Marie est tellement pleine de miséricorde qu'elle disait à un pauvre homme (Le « pauvre homme » en question est Édouard lui-même) : " Si Dieu, dans sa colère, brisait le monde, je lui en rapporterais les morceaux.(Paul Biver, Apôtre et mystique, le Père Lamy, op. cit., 13, p. 175.176.). Marie est invoquée comme «  mère de miséricorde  » dans le Salve Regina et elle se présente elle-même comme «  toute miséricordieuse  » lors de ses apparitions à Pellevoisin. (Pellevoisin, Estelle nous parle, Pellevoisin  : Monastère des dominicaines, 1993. p. 105).


Les témoignages de saints mystiques sont nombreux pour prouver que Marie a obtenu, parfois in extremis, le salut de personnes qui, sans elle, auraient peut-être pris le chemin de la damnation éternelle. C’est en ce sens que saint Bernard s’adresse à Marie : «  C'est par toi que le ciel se remplit, que l'enfer se vide  » (Quatrième sermon pour l’Assomption). Marie ne peut pas faire sortir un damné de l'enfer, mais elle peut éviter à beaucoup de se trouver définitivement séparés de Dieu.


On ne peut enfin parler de ce recentrage sur l’amour qu’est le purgatoire, sans mentionner quelques passages du Manuscrit du Purgatoire (Le manuscrit du Purgatoire, Tinchebray  : Direction de l’association Notre-Dame de la bonne mort, sans date, imprimatur. Il s’agit de notes d’une religieuse nommée Marie de la croix. De 1873 à 1890, elle reçoit la visite d’une sœur décédée, jusqu’à son entrée au ciel. Les paroles ont été notées au jour le jour.)


Voici quelques extraits avec des indications sur le sort de certains défunts et des conseils spirituels judicieux :

«  Il y a différents degrés dans le purgatoire. Le grand purgatoire est réservé aux âmes les plus coupables. Dans le deuxième purgatoire, on souffre beaucoup aussi, mais moins que dans le premier purgatoire ; enfin dans le purgatoire de désir, il n'y a pas de feu. Là sont les âmes qui n'ont pas assez désiré le Ciel, qui n'ont pas assez aimé Dieu […] et dans ces trois purgatoires, il y a encore bien des degrés. Au fur et à mesure qu'une âme se purifie, elle ne souffre plus les mêmes tourments. Tout est proportionné aux fautes qu'elle a à expier  ».


«  Dans le grand purgatoire, il y a différents degrés. Dans le plus bas et le plus souffrant, qui est un enfer momentané, sont les pécheurs qui ont fait des crimes énormes pendant leur vie et que la mort a surpris en cet état, sans leur donner le temps de se reconnaître à peine. Ils ont été sauvés comme par miracle, souvent par les prières de parents pieux ou d'autres personnes. Quelquefois même ils n'ont pu se confesser et le monde les croit perdus, mais le bon Dieu, dont la miséricorde est infinie, leur a donné, au moment de la mort, la contrition nécessaire pour être sauvés, en vue d'une ou de quelques actions qu'ils ont faites pendant leur vie. Pour ces âmes, le purgatoire est terrible. C'est l'enfer, avec l'exception qu'en enfer, on maudit Dieu, tandis que dans le purgatoire, on le bénit et on le remercie de nous avoir sauvés.

Ensuite viennent les âmes, qui, sans avoir commis de grands crimes comme les premières, ont été indifférentes pour Dieu ; elles n'ont point, pendant leur vie, rempli le devoir pascal et, converties également à la mort, souvent n'ayant pas même pu communier, elles sont dans le purgatoire en pénitence de leur longue indifférence, souffrant des peines inouïes, abandonnées, sans prière ou, si on en fait pour elles, elles ne peuvent en profiter (13 août 1879, p. 49.»


«  Dans le deuxième purgatoire se trouvent les âmes de ceux qui meurent coupables de péchés véniels non expiés avant la mort, ou bien de péchés mortels pardonnés, mais dont elles n'ont pas satisfait entièrement à la justice divine. Il y a aussi dans ce purgatoire différents degrés suivant les mérites des personnes […] »

«  Enfin le purgatoire de désir, qu'on appelle Parvis. Bien peu de personnes l'évitent ; il faut, pour l'éviter, avoir désiré ardemment le Ciel et de voir Dieu  ; et c'est plus rare qu'on ne le croit, car beaucoup de personnes, même pratiquantes, ont peur de Dieu et ne désirent pas avec assez d'ardeur le Ciel. (Ibid., p. 50. »


Il semble logique que le purgatoire soit totalement adapté à chaque âme, et il est illusoire et puéril de vouloir en dire plus sur ce qui découle à la fois de la justice et de la miséricorde de Dieu. De plus, les jugements de Dieu sont bien différents de ceux de la terre. Il a égard au tempérament, au caractère, à ce qui est fait par légèreté ou par pure malice. Il tient compte de toute l’incidence du milieu, de l’éducation, de la santé, autant de choses qu’aucun homme ne peut vraiment apprécier. Seul Dieu connaît les cœurs. C'est dans ce contexte qu'il faut situer la petite parabole bien connue de la paille et de la poutre racontée par Matthieu et dont la leçon est claire : « Ne jugez pas, afin de n'être pas jugés ; car c'est de la façon dont vous jugez qu'on vous jugera. » Jean ajoute : « Cessez de juger selon l'apparence, mais jugez selon ce qui est juste ! » Autrement dit, laissons le jugement à Dieu seul, dans toute la mesure du possible, car il nous est bien difficile de nous départir des apparences (Matthieu 7, 1-8 ; Jean 7, 24.24).


Pour chaque âme cependant la situation diffère peu à l’heure de la mort  :

«  L'âme, en quittant son corps, se trouve toute perdue, tout investie par Dieu. Elle se trouve dans une telle clarté qu'en un clin d'œil elle aperçoit sa vie entière et, d'après cela, ce qu'elle mérite. C'est elle-même au milieu de cette vue si claire qui prononce sa sentence. L'âme ne voit pas le bon Dieu, mais elle est anéantie par sa présence. Si c'est une âme coupable comme je l'étais et, par conséquent, qui a mérité le purgatoire, elle est tellement écrasée sous le poids de ses fautes qui restent à effacer qu'elle se plonge d'elle-même dans le purgatoire. »

«  Certaines âmes font leur purgatoire sur la terre par la souffrance, d'autres par l'amour, car l'amour a bien aussi son martyre. L'âme qui cherche véritablement à aimer Jésus trouve, malgré ses efforts, qu'elle ne l'aime pas au gré de ses désirs, et c'est pour cette âme un martyre perpétuel, causé uniquement par l'amour et qui n'est pas sans grandes douleurs !  »

Il est vrai que le monde entretient de profondes illusions. De plus, la paresse et la peur ont pour effet de remettre à plus tard la réflexion sur la vie et sur les fins dernières  : « D'où vient que cet homme qui a perdu depuis peu de mois son fils unique et qui accablé de procès et de querelles était ce matin si troublé, n'y pense plus maintenant. Ne vous en étonnez pas, il est tout occupé à voir par où passera ce sanglier que ses chiens poursuivent avec tant d'ardeur depuis six heures. Il n'en faut pas davantage » (Blaise Pascal, Pensées, op. cit., divertissement, n° 139).


«  Examinez sérieusement combien une personne négligente, peu soucieuse de son salut, toute à la terre, commet de péchés véniels par jour. Combien donne-t-elle de minutes au bon Dieu ? Y pense-t-elle seulement avec réflexion ? Eh bien ! Voyez 365 jours pareils dans une année et, si beaucoup d'années se ressemblent, cette personne meurt l'âme chargée d'une multitude de péchés véniels qui ne sont pas effacés, parce qu'elle n'y a pas songé. C'est à peine s'il reste dans l'âme ainsi accablée une petite lueur d'amour, quand elle vient rendre compte de sa vie à Celui qui la lui redemande. Voilà ces vies presque nulles, qu'il faut recommencer dans l'expiation, vies sans amour de Dieu, sans pureté d'intention. L'âme, qui doit vivre de Dieu, n'a pas vécu pour lui ; il faut donc qu'elle recommence sa vie, et cela avec des souffrances inouïes ! Elle n'a pas profité de la miséricorde divine sur la terre. Elle était esclave de son corps ; une fois dans le lieu purificateur, elle doit satisfaire jusqu'à la dernière obole et regagner sa splendeur première ; voilà pour les âmes indifférentes de leur salut, mais pour les âmes encore plus coupables, c'est autre chose (Le manuscrit du Purgatoire, op. cit., novembre 1880, p. 91.92.)


Il faut donc mettre au premier plan l’amour pour Dieu  ; l’amour pour le prochain est aussi au premier plan, puisque, comme dit Jésus, le second commandement est semblable au premier (Matthieu 22, 36.37). Cependant, cet amour du prochain doit être désintéressé  :

«  Sur la terre, on s'arrange à sa manière, mais dans l'autre monde, le bon Dieu nous arrange à la sienne ! Il y a peu de vraies amitiés sur la terre ! On s'aime souvent par caprice, par intérêt. Un petit froissement, une parole, un manque d'égards désunit quelquefois des amis qui semblaient inséparables. C'est que Dieu ne possédait pas assez bien leur cœur, car il n'y a que les cœurs où surabonde l'amour de Jésus qui peuvent donner de leur trop plein à leurs amis. Toute amitié qui n'est pas ainsi fondée en Dieu est fausse, elle n'est pas durable […] Ayez toujours des vues plus hautes que la terre. Ne recherchez jamais ni l'estime, ni l'amitié de personne. Jésus seul est vôtre et il vous veut sienne aussi pour toujours. Vous n'avez pas trop de votre cœur tout entier à lui donner. Aimez… mais pour lui seulement […] (Le manuscrit du Purgatoire, op. cit., 20 mai 1883, p. 103).


Finalement, comme l'évangile nous l'affirme à plusieurs reprises, l'enfer est une réalité ; sans doute la plus affreuse qui soit, car c'est la séparation définitive avec Dieu, et c'est ce qui explique sans doute que beaucoup de gens, se disant même chrétiens, n'arrivent pas à y croire. Cependant, il semble que la justice de Dieu est comme précédée par sa miséricorde. Ne sont condamnés que ceux qui ne veulent absolument pas se convertir ou ne le peuvent plus, du fait d'une altération irréversible de l'âme. Un salut semble possible pour tous ceux qui ont encore une étincelle de bonne volonté.


Nous pouvons nous demander si les tièdes ne sont pas plus en danger que les pécheurs implorant le pardon, car comme le dit «  l'Amen, le Témoin fidèle et vrai  » (Jésus-Christ) : «  Puisque te voilà tiède, ni chaud ni froid, je vais te vomir de ma bouche. (Apocalypse 3, 16.)»









  

LE PURGATOIRE

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