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La Bible n'emploie jamais le mot enfer (au singulier). Elle utilise des synonymes : la géhenne ou l'Hadès ou l'étang de feu, dans le livre de l'Apocalypse. Jésus évoque, par exemple, la géhenne de feu où peuvent être perdus à la fois l'âme et le corps. Ce « feu qui ne s'éteint pas » est réservé à ceux qui refusent jusqu'à la fin de leur vie de croire et de se convertir. Le Christ annonce en effet qu'il « enverra ses anges, qui ramasseront tous les fauteurs d'iniquité et les jetteront dans la fournaise ardente » (Mt 13, 41-43).


Pour faire comprendre ce qu'est la mort éternelle, Luc raconte l’histoire du pauvre Lazare et du mauvais riche. Après sa mort, Lazare est porté par les anges dans le sein d'Abraham, alors que le mauvais riche est en proie à des tortures dans l'Hadès, c’est-à-dire l’enfer. Comme le mauvais riche est à la torture et qu'il voit de loin Abraham, il lui demande d'envoyer Lazare pour tremper le bout de son doigt dans l'eau et lui rafraîchir la langue, mais Abraham lui dit : "Entre vous et nous, il a été disposé un grand abîme pour que ceux qui voudraient passer d'ici vers vous ne le puissent pas et que, de là non plus, on ne traverse pas vers nous" (Luc 16, 19-30).


Cette histoire est à rapprocher du verset : « Si quelqu'un pèche contre le Saint Esprit, son péché ne lui sera remis ni dans ce monde ni dans l'autre ». C’est une allusion au péché impardonnable : le « blasphème contre l’Esprit », car Dieu ne peut sauver personne contre son gré.Le Christ dit en effet  : «  Quiconque aura blasphémé contre l'Esprit Saint n'aura jamais de pardon, il est coupable d'une faute éternelle. » S’il n'y a pas de limites à la miséricorde de Dieu, celui qui refuse délibérément de l’accueillir par le repentir, rejette le pardon de ses péchés et le salut offert par l'Esprit Saint. Un tel endurcissement peut conduire à l'impénitence finale et à la perte éternelle (Mc 3, 29 ; Mt 12, 31.32 ; Lc 12, 10).


Jean-Paul II a médité sur ces paroles qu'il appelle les paroles du « non-pardon » : «  […] Si Jésus dit que le péché contre l'Esprit Saint ne peut être remis ni en ce monde ni dans l'autre, c'est parce que cette " non-rémission " est liée, comme à sa cause, à la "non-pénitence", c'est-à-dire au refus radical de se convertir. » (Dominum et vivificantem, 46)


Malgré tout, il existe un courant actuel qui nie l’existence de l’enfer, prétendant qu'il sort de l’imaginaire collectif ou qu'il est vide, au prétexte que Dieu est miséricordieux. Dieu, en effet, qui n’est qu’amour et miséricorde, veut «  que tous les hommes soient sauvés  » (1 Tm 2, 4), mais ceci implique de ne pas refuser cette miséricorde.


A ce propos, les secrets de Fatima dévoilent une perspective sans équivoque, dans l'hypothèse de ce refus. Lucie se souvient : «  […] Notre-Dame nous montra une grande mer de feu, qui paraissait se trouver sous la terre et, plongés dans ce feu, les démons et les âmes, comme s'ils étaient des braises transparentes, noires ou bronzées, avec une forme humaine. Ils flottaient dans cet incendie, soulevés par les flammes, qui sortaient d'eux-mêmes, avec des nuages de fumée.  […] Ensuite nous levâmes les yeux vers Notre-Dame, qui nous dit avec bonté et tristesse : vous avez vu l'enfer où vont les âmes des pauvres pécheurs. Pour les sauver, Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur immaculé  » (Congrégation pour la doctrine de la foi, Le message de Fatima, première et deuxième partie, 2000, 2).


De nos jours, une grande proportion de gens nie l'existence de l’enfer. Il est vrai que l’imagerie populaire, la peinture ou sculpture médiévales ont créé dans l’imaginaire un enfer théâtral. L'enfer n'est pas cela. Il est bien pire que le néant, car il n’est pas « le rien », il est éternité de peine, ce que Jésus lui-même appelle « le châtiment éternel », car la damnation est la séparation totale et définitive d'avec Dieu. Le damné est l'être à jamais privé de Dieu, alors même que toutes les vanités du monde ayant disparu, il n’y a plus que Dieu qui lui importe. Une fois séparée de son corps, l'âme du réprouvé se trouve à la merci des démons, sans aucun secours, contrairement aux âmes du purgatoire qui bénéficient des mérites infinis du Christ, de l’intercession de la Vierge Marie, des trésors de la communion des saints.


Les reprouvés attendent la sentence irrévocable que le fils de l’homme prononcera lors du Jugement dernier : « Retirez-vous de moi, maudits ! Allez dans le feu éternel, qui a été préparé pour le démon et pour ses anges. » (Mt, 25, 41).


Selon la foi catholique, n’est damné que celui qui meurt, sans repentir, en état de péché mortel. Pour qu'un péché soit mortel, trois conditions sont requises ensemble : une matière grave, une pleine conscience de le commettre et une volonté délibérée. La matière grave est précisée surtout par les dix commandements, sachant bien sûr qu’un meurtre est plus grave qu'un vol. Le plein et entier consentement présuppose la connaissance du caractère peccamineux de l'acte, de son opposition à la Loi de Dieu. Il implique aussi un consentement suffisamment délibéré pour être un choix personnel. Il est donc possible, que les trois conditions soient réunies, car il y a des gens qui vivent dans la haine du Christ, de son Église ou du prochain.


Même à notre époque, où la notion de péché se perd ou devient un sujet de plaisanterie, le nom d'une revue ou d'une confiserie, il est possible de discerner intuitivement quelques chemins fort dangereux au regard de la destinée éternelle : scandaliser les enfants ou les utiliser à des fins pornographiques ou mercantiles ; faire des personnes un simple objet de plaisir ou de profit ; condamner ou tuer les innocents ; pratiquer la torture ou l'esclavage ; refuser de croire au Christ quand il passe dans notre vie ; rendre des jugements pervers et iniques ; s’enrichir d’une façon malhonnête ; faire abstraction de toutes les misères qui nous entourent ; passer sa vie dans les plaisirs, en ne laissant aucune place à Dieu ; ne pas reconnaître ses fautes graves ; refuser la miséricorde par orgueil ; être rempli d'amour-propre, tenir pour dépassés les commandements de Dieu ou l'ordre de la Création divine, etc.


Benoît XVI écrit à ce sujet : «  Il peut y avoir des personnes qui ont détruit totalement en elles le désir de la vérité et la disponibilité à l'amour. Des personnes en qui tout est devenu mensonge ; des personnes qui ont vécu pour la haine et qui en elles-mêmes ont piétiné l'amour. C'est une perspective terrible, mais certains personnages de notre histoire laissent distinguer de façon effroyable des profils de ce genre. Dans de semblables individus, il n'y aurait plus rien de remédiable et la destruction du bien serait irrévocable : c'est cela qu'on indique par le mot enfer » (Spe salvi facti sumus, 2007, 45).


Jésus affirme que ce chemin de perdition est facile à emprunter, car il est spacieux, et il ajoute que ceux qui s'y engagent sont nombreux ; c'est pourquoi, il  incite à entrer par la porte étroite et à suivre le chemin resserré qui mène à la vie (Mt 7, 13.14).


Il est curieux de constater que, lors de ce jugement général, les maudits sont étonnés, car la lampe de leur conscience s’est éteinte, sans qu'ils s'en inquiètent. Ils sont dans la situation des vierges folles auxquelles Jésus dit : « Je ne vous connais pas. » (Ibid., 25, 1-13), ou encore dans la posture de l’invité à la noce, trouvé au départ des chemins. Jésus lui demande : «  Mon ami, comment es-tu entré ici sans avoir une tenue de noces ?  » La tenue de noces est la charité. Comme il reste muet, le roi dit aux serviteurs : «  Jetez-le, pieds et poings liés, dehors, dans les ténèbres : là seront les pleurs et les grincements de dents. Car beaucoup sont appelés, mais peu sont élus » (Mt 22, 12-14).



  

L'ENFER OU DAMNATION ETERNELLE

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