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Depuis les origines du christianisme, des phénomènes sortant de l’ordinaire ont été observés. Un grand nombre sont liés à la vie des saints, mais l’Église considère que cela ne doit pas entrer en ligne de compte dans une démarche de canonisation.

La Bible rapporte beaucoup de miracles, ceux opérés par le Christ, mais aussi, avant son incarnation, par des prophètes de l'Ancien Testament, comme Moïse, ou encore, après sa résurrection, au sein de l’Église naissante. Le but de ces miracles est de faire connaître aux hommes la puissance du Seigneur et de rendre témoignage au Christ, comme Messie.


Pour ce qui concerne le Christ, aucun prophète n'a réalisé de tels miracles (certains prophètes n'en ont même réalisé aucun). Le principal miracle du Christ est sa propre résurrection des morts.

Dans le Nouveau Testament, les miracles opérés par le Christ sont très nombreux : l'eau changée en vin (Jn 2,9), la pêche miraculeuse (Lc 5,6), les multiples guérisons, la tempête apaisée (Mt 8,26), la résurrection de Lazare (Jn 11,1-44), etc... Ses disciples font ensuite des miracles en son nom.


A l'époque récente, des miracles se produisent encore à Lourdes, par ex., dans les assemblées de prière ou en d'autres occasions. Il se produit aussi des phénomènes mystiques. L’Église écarte l'authenticité de la plupart ; pour d'autres, les faits sont à retenir. Ces relations de phénomènes sont innombrables. J. Boufflet, s'appuyant sur d'autres travaux (H. Thurston, par ex.) a fait une étude en 4 livres (2000 p.) !


Voici quelques exemples intéressants :


Apparitions post mortem


Saint Jean Bosco n’a pu remplir son ministère difficile, et même dangereux, auprès des jeunes délinquants de son époque que parce qu'il était providentiellement protégé, comme le montrent d’incroyables circonstances de sa vie. Par ailleurs, il a été témoin de faits où l’on discerne mal la limite entre le naturel et le surnaturel. Pour nous en convaincre, il suffit de lire quelques extraits de ses mémoires (récits autobiographiques) qui ne sont en rien suspects d’enjolivures, contrairement à certains récits rédigés ultérieurement par ses admirateurs.


Voici par exemple le récit de l'apparition de son ami Comollo, tel que Don Bosco l'a écrit dans la biographie de son ami  :

« La nuit du 4 avril, celle qui suivit la cérémonie d'inhumation (de Comollo), je me trouvais parmi les élèves du cours de théologie, dans le dortoir qui donne sur la cour, au sud. J'étais au lit mais je ne dormais pas. Je pensais à la promesse échangée et, dans la prévision de ce qui pouvait arriver, j'éprouvais un vague sentiment de crainte. Sur le coup de minuit, un bruit sourd se fit entendre au fond du corridor. Il devenait toujours plus sensible, plus profond, plus intense au fur et à mesure qu'il approchait. Ce semblait être un bruit de tombereau, de train de chemin de fer, d'une décharge d'artillerie. Je ne sais trop comment m'exprimer sinon en disant que c'était un ensemble de fracas et de secousses violentes au point de plonger les auditeurs dans une extrême épouvante et de leur enlever la parole. A mesure qu'il s'approchait, ce vacarme laissait tout en vibrations derrière lui : les murs, le plafond, le plancher, le pavement du corridor, comme si tout cela était fait de lattes de fer qu'un bras puissant secouait. On ne pouvait se rendre compte de sa progression de telle sorte qu'il était impossible d'en évaluer la distance, elle échappait aux sens. Impossible aussi d'en apprécier l'approche et de dire si son éloignement diminuait. Sa position était (pour nous) aussi incertaine que celle d'une locomotive à vapeur qu'on ne pourrait localiser que grâce à la fumée qu'elle projette dans l'air. »


« Les séminaristes de ce dortoir s'éveillent, mais personne ne parle. J'étais pétrifié de terreur. Le bruit s'avance, toujours plus épouvantable. Il est proche du dortoir. La porte s'ouvre violemment et le fracas continue, toujours plus fort, sans que l'on voit quoi que ce soit, sinon une lueur vacillante aux teintes multiples qui semblait être la cause de ce bruit. A un certain moment, silence soudain. La lumière brille, plus vive et on entend distinctement résonner la voix de Comollo qui, par trois fois, appelle son condisciple [Bosco] par son nom et dit : « Je suis sauvé ! »

« A ce moment le dortoir devient encore plus lumineux. Le bruit, qui avait cessé, se fait entendre de nouveau bien plus violent, comme celui d'un coup de tonnerre qui aurait fait crouler la maison. Mais il cessa aussitôt et toute lumière disparut. Mes compagnons sautèrent du lit et fuirent de tous côtés sans trop savoir où. Quelques-uns se regroupèrent dans un coin du dortoir et se serrèrent autour du responsable Don Joseph Fiorito, de Rivoli. Tous passèrent la nuit dans l'impatience de voir se lever la lumière du jour. J'ai beaucoup souffert et mon épouvante fut telle qu'en cet instant, j'aurais préféré mourir. »

A ce récit, le biographe ajoute que plusieurs de ses témoins vivent encore. Il se demande avec raison dans quel dessein Dieu a permis un tel événement et conclut que certains séminaristes méritaient un avertissement pour leur bien. (Don Bosco, Souvenirs autobiographiques, Paris : Médiaspaul, annexe 1, p. 216.217).


Chaleur et flammes


Le bienheureux Jean de Gand, retiré à Troyes, ville de sa naissance, y acquiert une grande notoriété. Il demeure à l’hôtellerie des Trois Maures (rue Turenne), et fréquente surtout l’église des Jacobins. Il y décède le 29 novembre 1439, vers midi.

"  L’on vit bientôt s’élever au-dessus de l’auberge des Trois Maures, un feu qui fit accourir la foule  : ce n’était pas un incendie comme on l’avait d’abord cru, mais un prodige céleste qui signifiait le feu qui avait brûlé le cœur du saint ermite. L’hôtesse eut soin de mettre de côté les patenôtres, cilices, haires et ceintures de fer de son pensionnaire, mais elle ne put résister à la demande de quelques personnes dévotes à qui elle distribua une partie de ces reliques  ".


Plusieurs siècles plus tard, dans la nuit qui suivit le décès du saint ermite Charbel Maklouf (24 décembre 1898), le frère Élie Mehrini visitait à minuit le Saint-Sacrement dans l'église où était exposé le corps du père Charbel et alors qu'il prie, il voit une lumière qui, jaillissant du Tabernacle, vient planer au-dessus du corps du père puis, s'élevant, revient au Tabernacle.

C'est là le premier d'une série de phénomènes lumineux qui dans les semaines suivantes vont bouleverser les fidèles du Liban entier.


En effet, le prodige se renouvelle alors que le corps du saint ermite a été inhumé, et il acquiert de telles proportions de fréquence et d'intensité que l'on doit procéder à l'exhumation du corpsen vue d'une enquête sur l'origine et la signification de ces lumières.

Dans le cas de Charbel Makhlouf, les signes de lumière sur sa tombe ont apposé par leur fréquence et leur valeur un sceau divin, surnaturel, sur la réputation de sainteté dont il jouissait de son vivant.


Le même phénomène a été signalé sur la tombe de Rafqa (Rebecca) Rayès de Himlaya (1832-1914), moniale libanaise maronite, béatifiée en 1985.


Au-dessus du corps de saint Pierre Chanel (1803-1841), missionnaire à Futuna, qui vient d'être abattu d'un coup d'herminette par ses assassins, une croix lumineuse apparaît, accompagnée de ténèbres soudaines – alors que le ciel est serein – et d'un horrible fracas, suivi d'une forte détonation... Ce prodige jette dans l'épouvante pillards et meurtriers. On les voit, lâchant leur butin, tomber lourdement sur le sol. Quelques-uns s'enfuient dans les bois saisis par l'étonnement, la frayeur et le remords.


Et quelques années auparavant, alors que la célèbre stigmatisée Anne Catherine Emmerick vient d'expirer (9 février 1824), dans la pauvre chambre qu'elle occupait à Dülmen, les habitants des fermes aux alentours de la ville perçoivent un éclat flamboyant surplombant la ville de Dülmen. Ils se hâtent vers la ville pour éteindre l'incendie supposé, mais il n'y a le feu nulle part. Lorsqu'ils apprennent qu'Anne-Catherine Emmerick vient de trépasser, ils retournent chez eux en silence.


Émission de substances


Dans l'étude qu'il a consacrée aux stigmates de la Servante de Dieu Yvonne-Aimée de Jésus (Beauvais), René Laurentin fait mention de «fleurs issues soit de la plaie du côté, soit de la bouche  ».

Les témoignages sur la réalité de ce phénomène, nombreux et convergents, sont remarquables par leur précision et leur sobriété; on a l'impression, à la lecture, de se trouver devant des rapports ou des constats dépouillés de toute fioriture, et même parfois de toute émotion, ce qui leur confère d'autant plus de poids : en face de prodiges si stupéfiants, les imaginations ne se sont pas exaltées, comme l'assure une des novices qui en fut témoin :

«Nous adorions en silence la munificence de Notre-Seigneur envers une de ses créatures et nous retournions à notre ouvrage sans plus y penser, ni en parler entre nous...»

Cette émission de fleurs par la bouche ou par la plaie du côté ne semble obéir à aucune règle, à aucun schéma prédéfini; le phénomène se produit à l'état de veille aussi bien qu'au cours de l'extase. Le seul facteur commun à ces prodiges est la douleur passagère qui les accom­ pagne, suivie d'une impression de soulagement :

«Notre Mère, allongée dans son lit, avait l'air de souffrir beaucoup. Elle a écarté un peu sa chemise, à l'endroit du cœur : j'ai vu un petit bout de tige qui sortait de la plaie du cœur avec peine. Alors notre Mère a tiré un peu pour arracher littéralement un gros œillet splendide, rouge sang. Elle l'a tiré et l'a posé sur la table de nuit en disant : "Ah, ça va mieux. Il m'étouffait" ».


«Mère Yvonne-Aimée est au lit. Elle est oppressée. Son cœur bondit [ ... ]. Un œillet rouge lui sort du cœur. Il me semble que j'entends craquer la chair [ ... ]. Puis, quand l'œillet est sorti, la plaie du cœur se ferme sans cicatrice».

Et même, avec le temps, le souvenir de ces prodiges propres à frapper les imaginations reste tout à la fois vivant et objectif; ni l'oubli, qui eût pu l'appauvrir, ni l'enthousiasme, susceptible de déformer les faits en les embellissant ou simplement en leur cherchant une interprétation a posteriori, n'ont de prise sur l'impression première, sur le fait ramené à sa seule matérialité :

«J'ai vu le 9 juillet 1941, une fleur sortir de la cicatrice de son côté. Elle sortait par la queue. Il s'agissait œillet rouge; celui que j'ai vu était sanglant. Pour les autres fleurs, sorties de son côté ou de sa bouche, je le tiens de Mère Marie-Anne. Elles avaient environ 15 à 20 centimètres de tige».

La déposition de Mère Marie-Anne de Jésus (qui succéde à Yvonne-Aimée de Jésus comme Supérieure Générale) au procès informatif en vue de la béatification n'est pas moins dépouillée  :

«C'est pendant cette période, que j'ai cueilli plusieurs œillets sortant de son cœur. Ces œillets étaient d'une fraîcheur extraordinaire et couverts de rosée comme si je les avais cueillis dans un parterre. Mais quand je prenais la fleur dans la main, mes doigts portaient des traces de sang […] La chambre était embaumée, surtout lorsque les fleurs venaient par la bouche. Mais avant que les fleurs ne paraissent, elle avait un hoquet très dur, comme si quelque chose se brisait dans son cœur, et cela lui faisait très mal [ ... ]. Il y avait eu donc, une toute petite blessure que l'on voyait à peine car, aussitôt les fleurs sorties, la blessure se refermait instantanément sans laisser ni traces ni cicatrices. Ces mêmes phénomènes se sont reproduits plusieurs fois au cours de sa vie».


Flagrances (parfums) après la mort


On dit d'un pieux personnage qu'il est mort en odeur de sainteté. L'un des exemples les plus extraordinaires de cette fragrance surnaturelle après la mort est assurément le cas de la Servante de Dieu Narcisa de Jésus Martillo Moràn, au siècle dernier.

Cette paysanne équatorienne meurt le 8 décembre 1869, à Lima, à l'âge de 36 ans. Son décès est marqué par un phénomène singulier : une religieuse va voir la supérieure «pour lui dire que, passant devant la cellule de Narcisa, elle l'avait vue tout illuminée de l'intérieur et qu'il en sortait un parfum embaumant les abords. La supérieure s'y rendit aussitôt pour constater la véracité du fait allégué et, ouvrant la porte de la chambre où reposait Narcisa, non seulement elle vit la même clarté, que l'on discernait de l'extérieur, mais encore sentit plus intensément la fragrance, et elle se rendit compte que Narcisa était morte».

«Bientôt apparurent deux phénomènes hors du commun qui allèrent s'accentuant, suscitant l'émotion au fur et à mesure que passaient les jours : l'incorruption du cadavre, qui conservait tous les signes propres à une personne vivante, et le parfum agréable qui en émanait».

On ne put tenir caché longtemps le prodige, et le ministère de la Santé l'oblique, craignant tout à la fois une supercherie et un cas de catalepsie, ordonna que le cadavre restât exposé pendant 48 heures, à l'encontre du dispositions légales en vigueur. Or, plus le temps passait et plus «du corps mort de Narcisa se répandait une odeur de fleurs. La fragrance qui s'était fait sentir au moment de son décès, continua d'être perceptible en permanence pendant si longtemps».

Au bout de deux jours, le cadavre fut transféré dans l'église de Patrocinio pour y être proposé à la vénération et à la piété des fidèles; quiconque s'approchait de la dépouille mortelle «pouvait percevoir une agréable odeur de fleurs émanant de tout le corps, qui, au lieu de dégager une odeur de mort, exhalait un parfum agréable et suave».

Le prodigieux état de conservation du corps, l'étonnante senteur qui sortait par volutes et le bruit d'un miracle opéré à son contact déterminent alors les autorités civiles et religieuses à faire effectuer deux photographie de la défunte. Finalement, elle est enterrée le 11 décembre dans la crypte de l'église en présence de toute la population.

Le 12 janvier 1870, le préfet du département ordonne l'exhumation de Narcisa, car il craint toujours un cas de catalepsie. Une commission médicale se rend à l'évidence : bien que la jeune femme soit morte trente-cinq jours auparavant, le corps est parfaitement incorrompu et souple, et il exhale un parfum extraordinaire. Bien plus, cette senteur inexplicable se communique aux objets en contact avec le corps.


Pendant quelques mois, on accorde aux fidèles lu faculté de voir ce "corps saint". Mais l'autorité ecclésiastique intervient pour interdire ce genre d'exhibitions. Ce qui n'empêche pas que des volutes de parfum s'élèvent de la crypte où repose le corps de la Servante de Dieu, remplissant tout le sanctuaire. En 1916, des raison sanitaires amenent les autorités civiles à faire procéder à l'exhumation pour cause de réaménagement de la crypte. A cette occasion, le cadavre est retrouvé toujours aussi intact et odorant qu'au jour du décès, quarante-sept ans auparavant...


Images ou statues «  miraculeuses  »


Ce genre de prodige est connu depuis presque les débuts du christia­ nisme. Déjà les récits de saint Grégoire de Tours (538-594), évêque et historiographe, signalent certaines manifestations de cet ordre.

Le crucifix sanglant d'Asti (Italie, diocèse d'Asti, 1933)


Une jeune femme Maria Tartaglino est hospitalisée. Elle doit garder le lit la plus grande partie de la journée. Elle fait aménager dans sa chambre un petit autel avec un crucifix exposé entre deux images pieuses. Le 9 août 1933, ayant reçu la communion, elle se sent inspirée d'offrir ses souffrances en réparation des péchés. Le 11 août au matin, alors qu’elle prie devant le crucifix, elle entend une voix qui l'exhorte à «regarder l'état dans lequel les sacrilèges avaient mis le Sauveur, renouvelant en lui les tourments de sa Passion»; au même instant, elle voit le crucifix s'animer et lorsque, sous ses yeux, de grosses gouttes ayant l'apparence du sang commencent à s'écouler de la plaie que porte le Christ au côté droit. Affolée, elle touche du doigt le liquide rouge, veut nettoyer l'effigie avec une serviette, la laver avec un linge mouillé : en vain! Le "sang" continue de couler. Alors, saisie de crainte, elle appelle une voisine de chambre, qui à son tour recueille du sang sur son doigt. Impressionnées, les deux femmes restent en prière devant l'image sainte. Puis le liquide se coagule.

Peu après, une religieuse soignante éponge le "sang" avec de l'ouate et de la gaze, et fait prévenir l'aumônier de la maison rendu ainsi témoin du prodige.

Le 16 août, Maria quitte l'institut pour aller en maison de repos. Elle confie le crucifix à sa voisine qui l'enveloppe dans un linge et le range dans une armoire. Quand Maria revient, elle demande son crucifix, déplie le linge qui l'entoure, les deux femmes découvrent avec stupeur qu'il est maculé de taches sanglantes et que la plaie du côté saigne. Religieuses et aumônier sont alertés et constatent le prodige. Le li­ quide coule à grosses gouttes, au point d'éclabousser le dessus de lit. On photographie le crucifix et, comme le prêtre l'approche de ses yeux pour mieux observer le prodige, un filet de sang ruisselle entre ses doigts, tandis que les plaies des mains et des pieds, puis celles de la couronne d'épines, se mettent à leur tour à saigner. L'évêque ordonne une enquête rigoureuse et il en ressort que le liquide est du sang humain pur. Le 23 février 1934, l'évêque d'Asti promulgue un décret reconnaissant la réalité du phénomène qui échappe à toute explication naturelle, étant exclues toute fraude, supercherie ou manipulation, et par conséquent étant très probable une intervention d'ordre surnaturel.


La Sainte-Face du Christ à Airola (Italie, diocèse de S. Agata dei Goti, 1947)

Maria Concerta a en grande vénération une image de la Sainte-Face de Jésus. Le lundi 17 février 1947, l'image se met à répandre un abondant liquide semblable à du sang. Elle fait avertir le supérieur du couvent des franciscains et l’on envoie un prêtre pour constater le prodige :

«L'image était toute recouverte de sang, en partie légèrement coagulé, mais la plus grande part en était encore toute fraîche et même par endroits formait de petites bulles, comme du sang qui aurait subi un récent bouillonnement. L'impression nette et précise était que le sang jaillissait de la Sainte-Face, et non qu'on l'y avait appliqué. Je regardai longuement la Face de Jésus : le sang avait coulé de la tête, des traits du visage et des yeux».

Le prodige dure trois heures et se renouvelle le 28 février, puis le 4 mars suivant, en présence de plusieurs témoins. Les témoins voient le sang sourdre, puis s'écouler le long de l'image et se répandre sur le papier.

Au terme d'une longue période de silence et d’analyses, il s’avère que le liquide prélevé sur l'image est du sang humain pur, du groupe 0+. L’évêque du lieu reconnaît le 25 juillet 1974 la réalité objective du phénomène, et le 11 février 1976 son caractère surnaturel. L'église, très prudente, a attendu vingt-neuf ans avant de se prononcer et Maria Concetta Pantusa était morte depuis plus de vingt ans.


Le Christ du Miracle, à Salta (Argentine, diocèse du même nom, 1950)

Depuis le XVIle siècle, on honore à Salta, en Argentine, un crucifix particulièrement vénéré. Angelica Esquin de Ferrat Sosa expose dans sa maison une photographie de ce crucifix. Le mercredi des Cendres 1950, cette photographie se met à exsuder une sorte de "transpiration" abondante. Seul le visage du Christ est recouvert de cette sueur, qui s'écoule lentement, à la vue de centaines de personnes.

Durant cinq ans, le prodige se renouvelle à la même date du mercredi des Cendres, et toujours dans les mêmes conditions. Parfois, il se prolonge jusqu'au Vendredi saint.

Il existe des centaines et des milliers de personnes qui témoignent du fait qui est établi sans contestation possible. L'archevêque de Salta et son vicaire général sont personnellement témoins du prodige, et ils tiennent dans leurs mains la photographie, pendant qu'elle exsude ce mystérieux liquide. La commission d'enquête conclut que toute présomption de fraude est exclue et l’analyse chimique du liquide démontre qu'il s'agit d'une substance en tout analogue à la sueur humaine.

Un mandement épiscopal reconnaît le «caractère inexplicable et prodi­ gieux de la sudation de l'image du Christ du Miracle». A la suite de ce signe, on observe, outre diverses grâces d'ordre spirituel et plusieurs cas de guérisons prodigieuses, un changement en profondeur des mentalités religieuses et des comportements.


Le miracle de la Madone des Larmes à Syracuse (Italie, Sicile)

Du 29 août au 1er septembre 1953, un petit bas-relief de plâtre peint et verni représentant la Vierge montrant son Cœur immaculé a versé d'abondantes larmes chez un couple, rue des Jardins, à Syracuse.

Les jeunes époux ont suspendu l'effigie de la Madone au-dessus de leur lit. Au bout de quelques mois, Antonina est enceinte, mais sa grossesse s'avère difficile avec des crises très douloureuses.

C'est au cours d'une de ces crises que l'image se met à pleurer : des larmes, très distinctes et abondantes vont jusqu'à tomber sur le lit. Les lacrimations se répètent de nombreuses fois, en présence de policiers, de médecins, de membres du clergé. Des centaines de personnes constatent de visu le déroulement du phénomène, les larmes se formant dans les yeux et ruisselant le long des joues.

L'autorité ecclésiastique institue une commission d'enquête regroupant prêtres, experts chimistes et médecins, dont presque tous les membres ont assisté au prodige. Les conclusions de la commission sont formelles : il n'y a aucun trucage, toute supercherie est exclue (on avait démonté l'effigie de son socle pour l'examiner). Enfin, les analyses chimiques du liquide sont déterminantes : on est en présence d'un liquide en tout semblable à des larmes humaines, ce que confirme une confrontation avec l'analyse de larmes d'un enfant.

Déclaré réel, mais parfaitement inexplicable par la science, le prodige est reconnu comme une intervention miraculeuse par l'épiscopat sicilien, le 12 décembre 1953. La famille est restée modeste et effacée, cependant qu'un grand sanctuaire a été édifié en l'honneur de la Madone des Larmes.


Le Saint Crucifix de Porto das Caixas (Brésil, diocèse de Niteroi, 1968)

Le Père Carlos Guilhena Rodrigues, curé de l'église de la Conception, a organisé un triduum en l'honneur du Christ crucifié. Le 26 janvier 1968, deuxième jour du triduum, le curé monte à l'autel pour allumer les cierges avant la messe. Il remarque sur le piédestal du crucifix surmontant l'autel deux ou trois taches d'un liquide rouge, qu'il essuie aussitôt avec un chiffon, puis il célèbre l'office. Le sacristain constate qu’il y a des taches rougeâtres sur le socle du crucifix, et des gouttes d'un liquide de la même couleur s'écoulent des plaies du côté et des pieds du Christ, ainsi que de ses genoux.

Quand le curé revient, deux heures plus tard, il trouve son église remplie d'une foule en proie à une émotion indescriptible. Le Père Guilhena arrive à l'autel, constate les faits et que prodige se prolonge durant trois heures : des dizaines de personnes peuvent voir le Christ saigner à grosses gouttes, au point que le liquide formait une large tache au pied de l'effigie. Puis le saignement cesse d'un coup, et le liquide sèche.

Le lendemain matin, de bonne heure, il fait prévenir son archevêque qui ordonne de recueillir le liquide séché au pied du crucifix, et il le fait analyser par trois laboratoires différents dont les résultats des analyses sont concordants : il s'agit de sang humain du groupe 0+. Le 3 avril 1968, alors que des milliers de fidèles défilent devant l'image sainte, elle se met à saigner de nouveau. Au terme de nouvelles analyses, l’audition de dizaines de témoins, l'archevêque de Niteroi publie un mandement pastoral : on ne peut nier la réalité du saignement et il s'agit bien de sang humain. De nombreuses conversions et diverses guérisons extraordinaires permettent d'accorder foi au caractère miraculeux du prodige.


L'image de Notre-Dame de Guadalupe


Le mystère dans les yeux de Notre Dame de Guadalupe (Mexique) n'est pas une lacrimation, mais, selon de nombreux scientifiques qui ont scruté l’image, on peut voir dans les deux yeux, là où normalement se reflète une image dans un œil humain vivant, plusieurs formes qui, lorsqu’elles sont analysées en profondeur, correspondent à la forme et à la taille des personnes humaines qui se trouvaient en face de l’image.

In 1929, Alfonso Marcue, le photographe officiel de l’ancienne Basilique de Guadalupe à Mexico, découvre ce qui ressemble au reflet de l’image claire d’un homme barbu dans l’œil droit de la Vierge. Plus de 20 ans plus tard, le 29 Mai 1951, Jose Carlos Salinas Chavez, examinant une bonne photographie du visage, redécouvre ce qui paraît clairement être le reflet d’un homme barbu dans l’œil droit de la Vierge et voit le reflet dans l’œil gauche également.

Depuis lors, plusieurs personnes, dont des physiciens et ophtalmologues, ont l’occasion d’examiner de près les yeux de la Vierge sur le tilma.

Le premier, le 27 mars 1956, est le Dr Javier Torroella Bueno, un prestigieux ophtalmologue. Dans un rapport qui est le premier à être publié sur les yeux de l’image par un physicien, il certifie la présence d’un triple reflet qui est caractéristique de tout œil humain vivant et il déclare que ces images se situent exactement là où ils devraient être selon l’effet précité, et aussi que la distorsion des images est en accord avec la courbure de la cornée.

La même année un autre ophtalmologue examine les yeux de l’image dans tous ses détails avec un ophtalmoscope. Il observe la forme humaine apparente dans la cornée des deux yeux, située là où elle doit se trouver et avec la distorsion d’un œil humain normal et surtout note quelque chose d’unique concernant les yeux: ils paraissent étrangement "vivants" lorsqu’ils sont examinés.

Beaucoup d’autres examens des yeux de l’image sur le tilma sont effectués par des ophtalmologues. Avec plus ou moins de détails ils sont tous d’accord avec les conclusions des examens.


Mais une nouvelle et fascinante analyse des yeux commence en 1979, quand le Dr Jose Aste Tonsmann examine minutieusement avec des appareils à haute définition une très bonne photographie du visage sur le tilma prise de l’original. Il fait quelques découvertes étonnantes ; non seulement un "buste humain" est présent dans les deux yeux mais d’autres formes humaines y sont aussi reflétées.

Un des aspects les plus fascinants de ses études se trouve peut-être dans sa conclusion que Notre Dame de Guadalupe nous a laissé non seulement une image miraculeuse comme preuve de son apparition mais aussi quelques messages importants. Ces messages étaient cachés dans les yeux de l’image jusqu’à nos jours, quand des technologies nouvelles nous ont permis de les découvrir alors qu’ils nous sont le plus nécessaires.
Ce serait le cas de cette image d’une famille au centre de l’œil de la Vierge, en ces temps où les familles sont sérieusement agressées. L’image de différents visages humains qui semblent constituer une famille, comprenant différents enfants et un bébé qu’une femme porte sur son dos comme cela se faisait au 16e siècle, apparaît au centre de la pupille.


Jeûnes complets ou inédies


L'inédie de Thérèse Neumann (1898-1962) est très documentée.

Vers Noël 1922, Thérèse Neumann cesse de s'alimenter. Les circonstances de ce jeûne s'inscrivent dans un contexte spirituel précis: Thérèse a appris qu'un séminariste est atteint d'un mal de gorge rebelle à tout traitement et elle demande à Dieu de pouvoir prendre sur elle cette maladie. Elle est exaucée et, de. son côté, le séminariste se trouve guéri. Dès lors, Thérèse souffre d'une douloureuse enflure de la gorge et du cou, qui lui rend impossible l'ingestion du moindre aliment solide.Thérèse en souffre pendant plus de huit ans, jusqu'au 30 juin 1931, jour où le jeune homme, devenu prêtre, célèbre sa première messe; guérie à l'heure de la célébration, elle ne recommence pas à manger, pour autant.


L'apparition des stigmates, en 1926-1927, a attiré l'attention sur Thérèse, et par là sur son jeûne réputé miraculeux. La rumeur s'en étant répandue, l'évêque de Regensburg, charge le docteur Seidl, chirurgien-chef directeur de l'hôpital de Waldsassen et conseiller sanitaire d'arrondissement, de procéder à une enquête rigoureuse sur l'inédie de la stigmatisée. L'examen a lieu à domicile et est contrôlé par le docteur Seidl, du 13 au 28 juillet 1927; il se déroula dans les meilleures conditions, sous la surveillance de quatre religieuses. Il est prouvé que, durant quinze jours, la stigmatisée n'a absorbé strictement aucun aliment solide ou liquide, hormis la parcelle d'hostie humectée de sa communion quotidienne; elle n'a eu, durant ce laps de temps, aucune excrétion  ; au terme du contrôle, elle pesait le même poids qu'au premier jour, et elle jouissait d'une parfaite santé physique et psychologique.

Le prodige, attesté par de nombreux témoins, durera jusqu'à sa mort. Il est d'autant plus remarquable que, toute sa vie, Thérèse Neumann a été une femme active, se livrant à diverses occupations physiques et intellectuelles, et non une stigmatisée grabataire.

On peut en savoir plus en lisant E. Bonifcace, Thérèse Neumann, la crucifiée devant l'histoire et la science, Editions Lethielleux, Paris, 1989, 543 pages.


Lévitation


La lévitation du corps humain est un miracle assez fréquent Le cas le plus célèbre est Joseph de Copertino, le "saint volant".

Lorsque le prodige se produit pour la première fois, dans l'église de Copertino, le 4 octobre 1630  : poussant un grand cri, Joseph est soulevé plus haut que la chaire, au-dessus d'une foule d'abord stupéfaite, puis enthousiaste.

A partir de ce jour, le prodige se reproduit en publie uplus de 100 fois, jusque moins d'un mois avant sa mort le 18 septembre 1663. Il suffit d'un rien pour occasionner ces extases accompagnées de lévitations : la célébration de la messe, bien sûr, mais aussi un chant d'oiseau, la vue d'une statue, une parole de l'Écriture, un propos sur l'amour de Dieu. On vient en foule pour contempler le prodige, que des milliers de personnes de toutes sortes voient de leurs propres yeux, parfois avec épouvante, le plus souvent avec un enthousiasme conduisant parfois à des conversions.


 Ce cas est le plus clélèbre mais pas isolé. Ainsi, les Romains ont pu observé le phénomène chez Vincent Palotti (1795-1850) :

Au mois de juin 1839, après s'être confessée dans l'église des Mantellate, Élisabeth Sanna est en prière devant l'autel de la Très Sainte Trinité, pendant que Don Vincent se trouve du côté opposé, devant l'autel de sainte Julienne. Au bout de quelques instants, Élisabeth entend une rumeur confuse et, se retournant pour se lever, elle le voit soulevé de terre de plus de deux palmes (25 cm environ), et il reste ainsi environ un quart d'heure.

Les lévitations de Vincent Pallotti ont eu aussi de nombreux témoins.


Manifestations d'âmes du Purgatoire


Avant de donner un témoignages concret qui entrebâille la porte vers l’inconnu, il faut admettre que l'état des âmes qui se purifient, sans être totalement incompréhensible, est difficile à décrire  : leur béatitude n'est pas celle du Ciel, où les joies sont sans mélange, et leurs tourments ne sont pas ceux de l'enfer, où la souffrance est sans adoucissement. Leurs peines n'ont aucune analogie avec celles de la vie présente où les jours heureux alternent avec les jours de tristesse. Ces âmes sont heureuses et malheureuses simultanément. Les peines les plus dures sont indissolublement unies en elles aux joies les plus grandes qui puissent se concevoir, si l'on excepte celles du Ciel, car ces âmes sont assurées de leur salut.

Elles aiment Dieu, elles détestent leurs fautes et elles ne peuvent plus opérer aucun mal. Elles ne sont pas livrées au désespoir, elles ne sont pas au contact des démons, elles savent qu'elles ne sont pas mortes en état de péché mortel, mais qu'elles sont en état de grâce et agréables à Dieu. Elles ne sont plus sujettes aux passions. Elles n'ont qu'un désir, celui de briser le lien qui les empêche de s'élancer vers Dieu, qui les appelle à lui.


Si l’Église ne dit pas que le purgatoire est quelque part ; par contre, l’évangile fait à plusieurs reprises allusion au feu. Pour s’en tenir à l’évangile de Matthieu  : 3, 12  ; 5, 22  ; 13, 42  ; 18, 9  ; 25, 41. C’est pourquoi, on a coutume de parler du «  feu du purgatoire. »


Un fait étrange et authentifié survenu à Foligno, près d'Assise, en Italie, donne à croire que le feu de l'autre vie est une réalité : le 4 novembre 1859, une religieuse meurt au couvent des tertiaires franciscaines. Douze jours après, une sœur entend des gémissements qui semblent venir de l'intérieur de la chambre de la défunte. Elle ouvre la porte ; il n’y a personne. Mais de nouveaux gémissements se font entendre, et bientôt elle entend une voix plaintive et un douloureux soupir. La sœur stupéfaite reconnaît aussitôt la voix de la défunte et lui demande : « Et pourquoi ? » « A cause de la pauvreté », répond-elle. « Comment ! Vous qui étiez si pauvre !» « Aussi n'est-ce pas pour moi-même, mais pour les sœurs à qui j'ai laissé trop de liberté à cet égard. Et toi, prends garde à toi-même. » Et au même instant, toute la salle se remplit d'une épaisse fumée, et l'ombre de la sœur apparaît se dirigeant vers la porte. Arrivée près de la porte, elle s'écrie avec force : « Voici un témoignage de la miséricorde de Dieu ! » Et en disant cela, elle frappe le panneau le plus élevé de la porte, y laissant, creusée dans le bois calciné, l'empreinte de sa main droite ; puis, elle disparaît.

Toute la communauté accourt aux cris de la sœur terrorisée et sent une odeur de bois brûlé. Les sœurs aperçoivent alors sur la porte l’empreinte ayant la forme de la main de la défunte. Plus tard, elle remercie les sœurs pour leurs prières, les encourage et se transfigure en une nuée légère, blanche, éblouissante. Elle s'envole au ciel et disparaît. Une enquête canonique a alors lieu. On ouvre le tombeau de la sœur et l'empreinte calcinée de la porte se trouve exactement conforme à la main de la défunte.


La porte, avec l'empreinte calcinée, est conservée dans le couvent. Le fait est raconté, parmi bien d'autres, par un jésuite : François-Xavier Schouppe (1823-1904) dans son livre Le Dogme du purgatoire illustré par des faits et des révélations particulières, Bruxelles : Société belge de librairie, et Paris : Société générale de librairie catholique, imprimatur, 1888.

Voulant s’assurer de la parfaite exactitude de ces détails, le jésuite a écrit à l’évêché de Foligno. On lui a répondu avec une relation circonstanciée en accord avec le récit, et accompagnée d’un fac-similé de l’empreinte miraculeuse.


De tels faits, même si personne n’est obligé d’y porter crédit, donnent à réfléchir, car la question des fins dernières est un sujet tabou. A la mort, tous les attachements humains s’en vont, comme toutes les vanités de la condition humaine. Les aspirations, même les plus légitimes, comme le désir de réussir, se dissipent aussi, car l’être se porte alors vers Dieu, devenu le seul et unique bien véritable. Après la mort, il reste à l'âme le bonheur d’avoir aimé et parfois l’amer regret d'avoir, par sa faute, retardé la vision béatifique. Après quelques jours passés dans le deuil et reçu quelques hommages, l’oubli fait un singulier contraste avec les serments pleins d'immortalité.


Manifestations de damnés


Dans son célèbre petit ouvrage sur l’enfer (L'enfer, Paris : Tolra, 1965), Mgr de Ségur cite, par exemple, des faits troublants, notamment un événement survenu en 1082, à Paris, en présence de nombreux témoins, dont saint Bruno. La scène est représentée par le peintre Eustache le Sueur (1616-1655) dans l'un des tableaux de son cycle sur la Vie de saint Bruno (musée du Louvre)  :


Un docteur de l'Université de Paris, nommé Raymond Diocrès, vient de mourir. On a déposé le corps dans la grande salle de la chancellerie, proche de Notre-Dame, et la foule entoure le lit de parade où, selon l'usage du temps, le mort est exposé, couvert d'un simple voile. Pendant la lecture de l'office des morts qui commence ainsi : « Réponds-moi. Combien grandes et nombreuses sont tes iniquités », une voix sépulcrale sort de dessous le voile funèbre, et toute l'assistance entend ces paroles : « Par un juste jugement de Dieu, j'ai été accusé. » On se précipite ; on lève le drap mortuaire : le mort est bien là, immobile et glacé. La cérémonie, un instant interrompue, reprend, alors que les assistants sont dans la stupeur et, au moment où on lit le passage : « Réponds-moi », le mort se soulève, et d'une voix encore plus forte, s’écrie : « Par un juste jugement de Dieu, j'ai été jugé », et il retombe.

La terreur de l'auditoire est telle que la suite de l'office est remise au lendemain. Le jour suivant donc, le service funèbre reprend à la même heure. Bruno et ses compagnons sont encore là, avec une grande foule accourue à Notre-Dame. A la même leçon : « Réponds-moi », le corps de Raymond se dresse, et avec un accent qui glace d'épouvante tous les assistants, il s'écrie : « Par un juste jugement de Dieu, j'ai été condamné », puis il retombe immobile. Par ordre de l'évêque, on dépouille, séance tenante, le cadavre des insignes de ses dignités, et on l'emporte à la voirie de Montfaucon.


Mgr de Ségur cite aussi un fait datant de 1847 ou 1848 :

Une nuit, une femme lit dans son lit. Elle va bientôt s'endormir quand, à son grand étonnement, elle voit une lueur blafarde, qui augmente d'instants en instants. Stupéfaite, elle s’interroge, puis elle voit alors s'ouvrir lentement la porte de son salon et entrer dans sa chambre un jeune lord, complice de ses désordres. Il s’approche d’elle, lui saisit le bras gauche au poignet et, d'une voix stridente, il dit en anglais : « Il y a un enfer ! » La douleur qu'elle ressent au bras est telle, qu'elle en perd connaissance.


Revenue à elle, elle sonne sa femme de chambre qui perçoit, en entrant, une forte odeur de brûlé. S'approchant de sa maîtresse, elle constate au poignet une brûlure très grave. Cette brûlure a la largeur d'une main d'homme. De plus, elle remarque que le tapis porte l'empreinte de pas d'homme, qui ont brûlé la trame de part en part. Le lendemain, la malheureuse dame apprend que cette nuit-là, vers une heure du matin, son amant a été trouvé ivre mort sous la table, que ses serviteurs l'ont rapporté dans sa chambre où il a expiré entre leurs bras.


Ces cas sont rares car, contrairement aux âmes du purgatoire, qui, par permission divine, peuvent parfois manifester leur présence pour solliciter des prières, les personnes en enfer n’ont aucune raison de communiquer avec ceux de la terre pour deux raisons majeures  : elles n’ont plus besoin de prières, car leur sort est définitivement scellé, et les démons qui les tiennent n’ont a priori aucune envie que leurs témoignages incitent à la conversion. Voir  : Hervé Roullet, L’Amour, le secret des Chrétiens, Paris : Éditions Salvator, 2012. VI, 3, p. 193 sq. ; ou Il est ressuscité, Perpignan : Éditions Soceval, 2009. p. 189-194.4.


Missions des esprits célestes


D'après la tradition, les anges ont été créés selon trois hiérarchies, chaque hiérarchie comprenant trois cœurs:

La première hiérarchie, celle qui est le plus près de Dieu comprend les Séraphins, les Chérubins et les Trônes.

La seconde hiérarchie angélique, dédiée à l’Église, comprend les Dominations, les Vertus et les Puissances.

La troisième hiérarchie angélique qui est plus proche de nous, comprend les Principautés, les Archanges et les Anges dont nous parle souvent la Bible.


En fait, cette classification remonte au V' siècle. Un auteur désigné depuis lors comme le Pseudo Denys a élaboré cette classification ternaire des esprits célestes, se fondant sur les textes bibliques et sur les Pères.


Des personnes ont eu la grâce de la présence de tel ou tel esprit céleste. En voici quelques exemples  :


En 1815, Marie-Catherine Ruel ne pense qu'à se divertir. Elle a quatorze ans. Elle n'en est pas moins pieuse, et un jour elle va se confesser. Comme elle accomplit la pénitence, demandée par le prêtre, elle manque défaillir: devant elle, l'enfer s'est ouvert, l'espace d'un éclair, mais si impressionant qu'elle croit venue sa dernière heure. A peine la vision s'est-elle achevée, que l'adolescente voit près d'elle un personnage majestueux : il se présente - il est un Séraphin et se nomme Esprit de Dieu, Providence de Dieu - et l'informe qu'il se tiendra désormais en permanence à ses côtés et qu'elle le verra à tout instant.


Mystérieuses créatures chez Ézéchiel, adolescents d'une rare beauté chez Camilla Battista Varano, les Chérubins - quelle que soit la forme qu'ils revêtent - semblent devoir intervenir dans les moments les plus importants de la vie intérieure de leurs protégés, ce qui explique l'impression que ressent Mechtild Thaller :

«  Les Chérubins sont les glaives de Dieu. Ils sont revêtus de pure et étincelante lumière ; leur visage est grave ; il offre une certaine ressemblance d'expression avec celui de saint Michel. Ils sont ceints de feu ; leur droite tient un glaive de feu. Leur couronne est faite de rayons de soleil  ».


La bienheureuse Angèle de Foligno eut une fois une vision des Trônes :

«  J'aperçus dans mon âme deux joies parfaitement distinctes : l'une venant de Dieu, l'autre venant des anges, et elles ne se ressemblaient pas. J'admirais la magnificence dont le Seigneur était entouré. Je demandais le nom de ceux que je voyais. Ce sont des Trônes, dit la voix  ».


Mechtild Thaller décrit les Dominations dans les termes suivants :

«  Les anges du chœur des Dominations ont un vêtement blanc, orné de pierres précieuses. Ils portent sur la poitrine un bouclier sur lequel est inscrit le nom de Dieu. Leur droite tient un sceptre. Leur visage resplendit comme l'éclat du soleil ; l'éclat de leur couronne est aveu­ glant  ».


Mechtild Thaller évoque aussi les Vertus  :

«  Les anges du troisième chœur, les Vertus, ont un vêtement de couleur bleuâtre, avec une ceinture d'or. Un large cercle d'or ceint leur tête, une étoile brillante resplendit au-dessus de leur front  ».


Quant aux Principautés, elle les contemple dans une perspective plus large  :

«  Les anges de ce chœur sont grands, d'aspect majestueux ; toute une cour d'anges les environne. Ils sont agenouillés devant le T. S. Sacrement et prient nuit et jour pour les membres de la communauté paroissiale ; ils veillent à ce que les mourants reçoivent les derniers sacrements et à ce que les enfants soient baptisés. Ils connaissent tous les

paroissiens de leur église".


Mechtild Thaller décrit aussi les Puissances dans les termes suivants :

«  Les anges du chœur des Puissances sont grands ; ils sont vêtus d'une aube et d'une dalmatique dont la couleur varie selon les vertus des personnes qu'ils servent. Sauf de rares exceptions, ils sont affectés exclusivement au service des prêtres.  »

 

Un soir à complies, sœur Inès Evangelista de Frexenal (+ 1628) entonne le Salve Regina au chœur. Les autres religieuses enchaînent, lorsque la voix vient à leur manquer : seule sœur Inès poursuit, mal assurée. Oh merveille ! Un ange apparaît dans le chœur, les deux ailes étendues au-dessus des moniales, et chante le répons : stimulées, elles retrouvent leur assurance pour terminer dignement l'office.


Le plus souvent, les anges viennent simplement s'associer à la prière des hommes, pour les encourager dans leur ferveur, leur montrer combien leur dévotion est agréable à Dieu, présenter leur prière et leurs bonnes œuvres à Dieu.


Les archanges et les anges sont très présents dans la Bible et tout le monde connaît le dialogue entre Gabriel et Marie : « L'ange entra chez elle, et dit: Je te salue, toi à qui une grâce a été faite; le Seigneur est avec toi. Troublée par cette parole, Marie se demandait ce que pouvait signifier une telle salutation. L'ange lui dit: Ne crains point, Marie; car tu as trouvé grâce devant Dieu. Et voici, tu deviendras enceinte, et tu enfanteras un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand et sera appelé Fils du Très-Haut, et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père. Il règnera sur la maison de Jacob éternellement, et son règne n'aura point de fin. Marie dit à l'ange: Comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais point d'homme?  L'ange lui répondit: Le Saint-Esprit viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre. C'est pourquoi le saint enfant qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu. Voici, Élisabeth, ta parente, a conçu, elle aussi, un fils en sa vieillesse, et celle qui était appelée stérile est dans son sixième mois. Car rien n'est impossible à Dieu. Marie dit: Je suis la servante du Seigneur; qu'il me soit fait selon ta parole! Et l'ange la quitta  » (Luc 1, 26-38).


Un trait remarquable de la figure du Père Lamy (1853-1931) est sa confiance dans l’intercession des anges et la familiarité qu’il a avec eux. Ses intimes l'ont tous vu parler à des êtres invisibles, et entendu souvent la voix des esprits célestes qui lui répondaient ; parfois même, il leur a été donné de distinguer quelques paroles des anges. Paul Biver décrit ce dont il a été témoin le 19 novembre 1924  :

« […] A dix heures un quart, je suis au lit et j'éteins ma lumière. Il se passe peut-être deux ou trois minutes, et, à travers les deux portes, qui sont légères, j'entends une conversation animée dans la chambre du vieux prêtre. Trois voix d'hommes y prennent part, nettes et distinctes au possible dans le silence absolu de la nuit. Ce phénomène m'intrigue immédiatement au plus haut point et j'en saisis toute la portée. Malgré la température glaciale, je m'assieds sur mon lit, pour mieux entendre. Aucun bruit dans la chambre des époux Vauthelin. Personne, d'autre part, n'a monté l'escalier depuis que j'y suis passé. Ses marches de sapin sont si légères et la maison si sonore que, de ma chambre, j'y distinguerais les pas d'une souris. D'autre part, vingt minutes auparavant, en quittant le vieillard sur le seuil de sa chambre, j'ai vu celle-ci libre de tout occupant. »

« Le Père Lamy parle de moment en moment, répondant à un interlocuteur dont la voix est nette, chaude, d'un timbre très viril et très agréable, qui s'exprime sans trace d'accent et sur un ton affirmatif. J'entends certaines syllabes, mais je n'arrive pas à saisir un seul des mots qu'il prononce. Par discrétion, je n'ose quitter mon lit pour écouter à la porte. Le troisième interlocuteur a une voix un peu plus sourde, et, partant, moins agréable, mais parfaitement normale ; il parle avec beaucoup plus de retenue ; ses paroles sont plus rares et dites sur un ton moins péremptoire […] Le lendemain matin, à cinq heures trois quarts, je rejoins le Père Lamy, qui descend l'escalier. Sur le chemin de l'église, je lui pose la question : " Mon Père, hier soir, après m'avoir dit bonsoir, vous avez parlé. J'ai entendu aussi d'autres voix... C'étaient les saints anges ? " Il sourit et me répond : " Peut-être bien, ils sont la consolation du soir ". Dans la journée, à de nouvelles questions que je lui pose, mon hôte me répond que j'ai entendu les voix de saint Gabriel et de son ange gardien […]» (Paul Biver, Apôtre et mystique, le Père Lamy, p. 179-182).

Voici comme il décrit ses amis célestes :

«Les anges, comme les saints, n'ont pas un corps semblable aux corps réels de la Vierge et de Notre Seigneur : ils ont des corps qui ne sont pas de chez nous. Chaque ange a sa physionomie spéciale […] Ce doit être, au ciel, un merveilleux spectacle que le vol de millions d'anges ! Je ne leur ai jamais vu d'ailes, toujours l'aspect de jeunes gens. Ils portent, empreinte sur leur visage, leur bienveillance pour les hommes, tandis que les démons ont un aspect dur, cassant et farouche. J'ai entendu quelquefois trois, quatre anges ensemble dans l'église de La Courneuve. Souvent, j'entends leur voix sans les voir. Comme pour les personnes qu'on connaît, je les reconnais à leur voix. Tous ces personnages, comme le diable, sont avec nous, autour de nous. Si nous ne les voyons pas, il s'en faut de si peu ! C'est comme une pellicule qui nous sépare d'eux» (Ibid., p. 183.184).

Édouard a l’expérience personnelle d’une aide concrète, quasi physique, apportée par un ange. Son récit a quelque chose de cocasse  :

« […] Je quittais Notre-Dame des Bois au soleil couchant, et la lumière rasante me gênait. Je cheminais, penché en avant, pour ne pas avoir les rayons dans les yeux, et je ne voyais donc rien, à moitié aveugle comme je le suis, de ce qui se trouvait dans mon chemin. Tout à coup surgit en face de moi, pas plus loin de moi que ceci, un bicycliste. J'aurais été aussitôt renversé en un tour de roue. Mais, voilà le saint archange Gabriel qui saisit la bicyclette par les deux roues et la dépose gentiment de côté. Il a levé la bicyclette et l'homme ; il l'a déposée sur l'herbe du bord de la route. Les poids ne comptent pas pour un ange. Tout leur est si aisé ! Je vois mon bonhomme, qui reste bouche bée, regardant l'ange et me regardant. J'avais une envie folle de rire en voyant la tête de ce pauvre garçon. J'ai réprimé un fou rire. Je m'éloigne d'eux en tirant mon chapeau au saint archange, et je vois un autre bicycliste qui vient à toute allure. Le premier crie comme un fou : " Ils sont deux ! Ils sont deux ! » Je pense que cela signifiait le saint archange et moi (Ibid., p. 186-188).


Multiplication de biens


Un exemple parmi beaucoup d'autres  : Diego Oddi 1839-1919, surnommé Fra Giuseppe, «  multiplie  » le vin.

A l'automne 1907, Vincenzo Sebastianelli et son parent Luigi Galizia sont à la cave en train de préparer les fûts pour la vendange. Il ne reste presque plus de vin vieux, sinon un fond dans un tonneau. Fra Giuseppe arrive alors et demande, au nom de saint François, un peu de vin:

Combien en veux-tu ? Questionne Galizia.

Autant que tu veux, répond Fra Giuseppe.

Mais, se tournant vers Luigi, son cousin Vincenzo le reprend: «Tu n'as pas même de quoi remplir un tonneau, et tu veux donner le peu qui reste !» Sans se poser davantage de questions, Luigi en offre au religieux une cruche pleine à ras bord: «Cela te suffit ?»  «Oh oui, répond tout joyeux le frère quêteur, saint François te le rendra!».

Galizia et Sebastianelli quittent la cave, la ferment à clef, et regagnent la maison. Après le repas, ils retournent à leur travail, décidés à retirer la canette du tonneau, pour le vider et le nettoyer avant de le remplir de vin nouveau.

Arrivés devant le tonneau, alors qu'ils vont ôter la canette (le robinet), ils voient que, de quelque joint, du vin coule. Frappant des doigts sur le bois des tonneaux, ils constatent que le récipient est plein…. Le tonneau commence à déborder et, pour parer au plus pressé, les deux hommes récupérèrent ça et là dans la cave tous les récipients qui traînent pour les remplie…

Pendant la guerre de 1914-18, Fra Giuseppe se présente sur le seuil de la cave de Pietro Zazza. C'est le temps des vendanges et, accompagné d'un confrère, il tire une charrette sur laquelle se trouve un petit tonneau à demi plein de moût, qu'il a bien l'intention de remplir avant la fin de la journée.

Fra Giuseppe lui demande cinq ou six mesures de moût pour remplir son tonneau. Puis, descendant dans la cave, il trace un signe de croix sur le baril du donateur, lui disant: «Pietro, que saint François accroisse ta mesure et la mienne!» A peine Pietro a-il versé trois mesures de moût pétillant dans le tonneau du frère quêteur, qu'il s'aperçoit que dans son propre baril le moût a augmenté du double de ce qu'il en avait retiré. Fra Giuseppe se retire. Mais, comme clans le baril, le moût ne cesse de monter, menaçant de déborder, Pietro et son commis vont chercher d'autres récipients - «deux tonnelets et un baquet» - pour recueillir le surplus.

Quelques jours plus tard, comme Fra Giuseppe repasse devant sa cave, Pietro lui lance en riant: «Eh, Fra Giuseppe! Si tu veux encore du moût, je t'en donne autant que tu veux, car plus tu en prends et plus il y en a!» Tout joyeux, le moine lui répond : «Tu vois, il est bon, notre saint François!»

Ces «multiplications» de vin est fréquente chez Fra Giuseppe. Quand le frère quêteur rentre au couvent, il a l'habitude de s'arrêter dans la famille Cimaglia, pour dire son chapelet. Souvent, on l'invite à s'étendre un peu pour se reposer, puis à prendre une collation; il décline toujours la première proposition, mais accepte parfois de manger un morceau:

Un soir de juin 1908, pressé par les Cimaglia de prendre place à table, il accepte, à condition qu'on lui donne ce qu'il y a de plus simple. Agostino lui dit  : «Fra Giuseppe, ce soir nous n'aurons malheureusement pas de vin, car le tonneau est à sec, nous l'avons retourné et redressé, sans succès». Fra Diego lui répond : «Mais si, il y en a, il y en a!» A ces mots, Antonio, la femme d'Agostino, descend à la cave, suivie par le frère, puis par son mari et sa sœur. Fra Giuseppe considère le tonneau, tourne la canette, et le vin jaillit avec force. Longtemps, ce tonneau donne du vin sans s'épuiser, au point que dans la famille des donateurs, on se met à comparer au tonneau de Fra Giuseppe toute chose agréable qui se prolonge.


Parfums de sainteté

Tous les biographes de Padre Pio mentionnent cette particularité qu'a le capucin stigmatisé d'émettre des senteurs variées et souvent exquises, en de nombreuses circonstances de sa vie :

Ces effluves odorants semblent souvent se produire hors de sa volonté. Des multitudes de gens ont senti ces étonnants parfums, dans les circonstances les plus diverses, et l'ont attesté. Parfois ces senteurs semblent provenir des stigmates du Padre Pio ou de ses habits, ou encore des objets qu'il a touchés ou bénis. Mais il est fréquemment arrivé que des personnes, en danger physique ou moral, sentent ce parfum, à des distances considérables du couvent où se trouve Padre Pio, soit après avoir invoqué mentalement le capucin, soit même sans y avoir pensé, et dans ce cas elles comprennent d'où leur vient ce secours».

Le phénomène dure toute la vie de Padre Pio, avec une fréquence et une intensité variables. Il s'est prolongé après sa mort.

Ces senteurs extraordinaires sont à ce point tenaces et pénétrantes qu'elles se diffusent dans les lieux où se tient le capucin et imprégnent ses vêtements et les objets mis en contact avec lui. Les effluves odorants  : encens, lys, violette, rose, œillet, fleur d'oranger, etc. qui se dégagent de la personne de Padre Pio, ou qui se manifestent à distance, sont d'une telle variété que l'on a cherché à élaborer une grille de significations et certains y voient des «  messages  » dont ils sont seuls à comprendre la singification.


Il est assez fréquent chez les saints que les vêtements, linges, vases, lit, ouate, reliques, ou même l'eau qui a lavé le corps défunt, demeurent longtemps pénétrés de parfum. Les assistants qui touchent ces privilégiés, vivants ou morts, emportent l'odeur attachée à leurs doigts, et elle persiste même après qu'ils se sont lavé les mains.


Phénomènes lumineux


Le phénomène de luminosité consiste à ce qu'une personne apparaisse aux témoins  enveloppés ou nimbés d'une lumière dont ils sont la source.

Le rayonnement limité à la tête ou au visage et affectant la forme d'une auréole (ou nimbe) est très fréquent chez saint Vincent Palotti :

«En 1848, Joseph Giorgio passant par la Via Tor di Nona vit venir vers lui un prêtre accompagné d'un pauvre, qui tenait à la main son chapeau et lui parlait avec beaucoup de respect; la tête du prêtre était nettement entourée d'un halo comparable à un vif éclat de soleil. Il demanda dans une boutique qui était ce prêtre : on lut répondit que c'était don Vincent».


La vie du bienheureux André Bessette (1835-1937) présente ce phénomène d'illumination  :

«Un soir que j'accompagnais le frère André à sa petite chapelle, au moment où il fermait la porte de la chapelle à clef dans l'obscurité de la nuit, je l'ai vu, pendant quelques secondes, immobile dans l'attitude de verrouiller la porte, tout illuminé de rayons blancs comme on en voit sur les images des saints  ».


Un autre témoignage  :

«La chapelle de l'Oratoire [...] se trouvait plongée dans l'obscurité ordinaire. Il était environ neuf heures et le Frère André était agenouillé dans le chœur, près de la porte d'entrée du sanctuaire. Je me trouvais dans la nef, à peu près au milieu de la chapelle et du même côté que le Frère André. Je vis, au-dessus de la tête du Frère André, une source de lumière de 15 à 20 pieds de circonférence, et d'autant de pieds de hauteur. A ma connaissance, ce phénomène (lumineux) a duré de 3 à 4 minutes, ce qui ne pouvait s'expliquer par le luminaire électrique du sanctuaire : le Frère Ludger, à qui j'en ai parlé, a voulu avec moi allumer les lumières électriques, pour constater si l'effet de la lumière électrique ressemblait à ce que j'avais vu; mais la lumière électrique ne donnait pas le même effet que cette lumière extraordinaire »,


Citons encore une autre déclaration :

«Dans les dernières années du Frère André, il arriva que pour une fois – en le ramenant à l'Oratoire après sa visite des malades, on le laissât en route à proximité. Un chauffeur de taxi qui passait le prit dans sa voiture et le laissa en haut de l'Oratoire. Il affirme, ensuite, avoir vu une auréole autour de sa tête – tout le temps depuis le haut des marches jusqu'au monastère».


Pouvoirs sur les éléments de la nature


Plusieurs serviteurs de Dieu ont exercé une puissance sur les phénomènes naturels les plus impressionnants. On le rapporte de saint Gaetano da Thiene, le fondateur des Théatins:

Il s'embarque sur l'Adriatique, et une tempête se lève, menaçant la vie des voyageurs. Gaétan ne perd pas un instant sa sérénité ordinaire. Prenant un Agnus Dei (petite poche ou bourse d'étoffe servant à contenir une petite relique ou la cire recueillie du cierge pascal), il le jette avec confiance dans la mer qui s’apaise.

Le jésuite Francesco Pavone (+1637) recourt à l'intercession de saint François-Xavier pour opérer le même genre de miracle:

Alors que Francesco Pavone est en mission à Durazzano et qu'il fait un sermon dans l'église du lieu, une forte tempête se leve, accompagnée de vent, de pluie et de grêle. Les cultures sont menacées et le vénérable invoque l'aide de saint François-Xavier. Quand l'office est terminé, les habitants s'aperçoivent que leurs champs ont été épargnés par le fléau, contrairement aux environs.

Le récollet italien Leornardo da Porto Maurizio (1676-1751) multiplie les prodiges de ce genre:

Comme il est obligé, la plupart du temps, de prêcher en plein air, à cause de l'affluence de ses auditeurs, s'il arrive qu'au moment du sermon le temps se dégrade au point de jeter l'épouvante dans l'auditoire, il fait réciter un Pater et un Ave, et soudain la pluie cesse, le ciel redevient serein. C'est ce qui eut lieu à Monticelli, et ailleurs.

L'intervention du capucin piémontais Ignazio da Santhia (1686-1770) est plus intimiste:

Un matin, vers 10 heures, le Père Ignace demande à son novice, si ce n'est pas l'heure de l'office. «Mon Père, l’horloge du couvent est arrêtée, et je ne pourrais vous dire l'heure.» «Allez, mon fils, et voyez le cadran solaire.» - «Mais, mon Père, il pleut à verse et le temps est très sombre.» - «Allez, vous dis-je ! Allez, et voyez le cadran.» Le novice obéit, mais l'heure n'est point marquée ! «Alors, mon fils, vous ne savez point commander au soleil de se faire voir un instant ?» Le novice sourit: «Eh bien ! Père, comment devrai je dire ?» - «Soleil, montre-toi !» Le novice court au cadran et, sous la pluie, avec grande foi, il profère la parole suggérée par son Père Maître: «Soleil, montre-toi !» Prodige ! Les nuages s'entrouvrent et un rayon de gai soleil vint frapper le style dont l'ombre marqua 10 heures, tandis que la pluie continuait à tomber abondante ".


Transfigurations post mortem


 On connaît dans l'histoire de l'Église, plusieurs faits de ce genre qui, au terme de longs et sévères examens pratiqués par des commissions médicales et ecclésiastiques, se sont révélés si déroutants qu'ils échappent à toute tentative d'explication rationnelle

Dès le IVe siècle au moins, l'idée d'incorruption miraculeuse est familière aux chrétiens, qui y voient un signe de sainteté et les prémices de la résurrection future promise par le Christ et manifestée dans sa propre résurrection : les exemples des corps de saint Nazaire (IVe siècle) ou de saint Séverin (Ve siècle) retrouvés longtemps après leur mort parfaitement intacts et exhalant une odeur suave, sont les illustrations les plus connues. En France, beaucoup de gens connaissent les prodiges d'incorruption observés chez sainte Catherine Labouré, le Curé d'Ars, sainte Bernadette, par exemple.

De sainte Catherine Labouré nous savons que le corps fut retrouvé intact et l'on peut encore le voir rue du Bac. La note dictée par les médecins qui procédent à l'exhumation en 1933, donc plus de cinquante ans après la mort, dit que  : «le corps est en parfait état de conservation, il a gardé toute sa peau, ses muscles, sa souplesse; les viscères sont desséchés, la putréfaction n'a nui en rien à la conservation du cadavre».


Tout aussi laconique la description du cadavre du saint Curé d’Ars, exhumé le 17 juin 1904, quarante-cinq ans après sa mort : «On constata avec une heureuse surprise que les membres subsistaient en leur intégrité. La peau était noircie, les chairs desséchées mais entières. Cependant le visage, tout reconnaissable qu'il était, avait subi quelque peu les ravages de la mort. On eut la joie de découvrir intact le cœur du saint et de pouvoir conserver à part cette admirable relique».


et celle du corps de sainte Bernadette, dont la reconnaissance canonique eut lieu en 1909, trente ans après sa mort :

«On ne pouvait trouver la plus petite trace de décomposition ni aucune mauvaise odeur, au cadavre de notre bien-aimée sœur. L'habit même dans lequel elle était ensevelie était intact [...] elle semblait endormie.».


Citons encore l'exemple d'Anne-Marie Javouhey, exhumée le 30 octobre 1911, soixante ans après sa mort :

«La Vénérable apparaît alors aux assistants dans un état de parfaite conservation. Aucune odeur cadavérique [ ... ] le visage bruni, semblable à un beau bronze, est intact; de loin en loin, quelques taches blanches qui disparaissent en les essuyant légèrement : ce sont sans doute quelques petites moisissures ou les traces laissées par le plâtre ayant moule les traits de la défunte [...] Les cils sont indemnes et au complet, les yeux pleins, le cartilage du nez est remarquable de flexibilité, la bouche est à peine entrouverte [...] la main gauche est brunie comme le visage, ce que le médecin attribue à sa position dans le cercueil; la droite, blanche et souple, est très bien conservés […]  »


Protections par des animaux


Les cas de protections d'animaux dans les récits hagiographiques mettent parfois en scène des animaux domestiques comme le chien ou des animaux sauvages comme le loup.


Dans le cas des chiens, une histoire assez connue concerne Jean Bosco et elle met en scène un bon chien gris défenseur et serviteur. Il est curieux que ce récit de chien providentiel qui rappelle certains récits de l’Ancien Testament (Tobie par exemple) vienne clore les trois gros cahiers racontant quarante années d’apostolat  :

« Le chien gris (Grigio) fut l'objet de bien des racontars et de bien des suppositions. Parmi vous, il y en a pas mal qui l'ont vu et même caressé. Laissons de côté toutes les sornettes que l'on raconte sur ce chien. Je vais relater la pure vérité. Les attaques fréquentes auxquelles j'étais en butte me conseillaient de ne jamais sortir seul lors de mes allées et venues dans la ville de Turin […] Par une soirée obscure, assez tard, je rentrais chez moi, seul, non sans quelque appréhension. Tout à coup, je vois près de moi un gros chien. A première vue, il me fit peur. Mais comme il ne manifestait aucune attitude hostile, que bien au contraire il me faisait des cajoleries comme si j'étais son maître, nous sommes entrés en bonnes relations et il m'accompagna jusqu'à l'oratoire. Ce qui se produisit ce soir-là arriva encore de nombreuses autres fois. Ainsi je puis dire que le Grigio m'a rendu d'éminents services. »


Jean cite alors quelques exemples étonnants dont celui-ci :

« Sur la fin de novembre 1854, par une nuit brumeuse et pluvieuse, je revenais de la ville. Pour ne pas cheminer seul, je descendis la rue qui mène de la Consolata au Cottolengo. A un certain point du trajet je m'aperçois que deux hommes marchent à peu de distance devant moi, ralentissant ou accélérant le pas selon que je ralentissais ou accélérais le mien. Quand je changeai de côté pour éviter de les rencontrer, adroitement ils venaient se placer devant moi. Je tentai de rebrousser chemin, mais trop tard. Faisant subitement deux bonds en arrière, gardant un profond silence, ils me jetèrent un manteau sur le visage. Je fis tous mes efforts pour ne pas me laisser entortiller, mais inutilement. L'un même essayait de m'obturer la bouche à l'aide d'un mouchoir. Je voulais crier, mais je ne le pouvais plus. A ce moment apparut le Grigio. Hurlant comme un ours, il s'élança, les pattes contre l'un, la gueule ouverte près de la figure de l'autre, de sorte qu'ils se trouvaient dans l'obligation d'entortiller le chien avant moi. " Rappelez ce chien ", se mirent-ils à crier tout tremblants. " Bien sûr que je vais le rappeler. Mais laissez les passants en liberté ". " Rappelez-le tout de suite ", criaient-ils. Le Grigio continuait à hurler comme un loup ou un ours enragés. Les autres reprirent leur chemin et le Grigio, toujours à mes côtés, m'accompagna jusqu'à ce que j'entre à l'Œuvre Cottolengo ».


Puis Jean raconte la dernière intervention mystérieuse du brave chien  ; il accompagne d’abord Jean jusqu’à la maison d’un ami, puis l’on se met à table  :

« […] Mon compagnon fut laissé dans un coin de la salle pour s'y reposer. Après le repas, mon ami me dit : " Il faudrait bien faire manger votre chien aussi ". On prit un peu de nourriture pour la lui porter. On le chercha dans tous les coins de la salle et de la maison, mais plus de Grigio ! Tous furent très étonnés car on n'avait ouvert ni porte ni fenêtre et les chiens de la famille n'avaient en rien signalé sa sortie. On fouilla de nouveau les étages supérieurs, mais personne ne put le retrouver. Ce fut la dernière fois que j'eus des nouvelles de ce chien gris, objet de tant de recherches et de discussions. Je n'ai jamais pu en connaître le maître. Je sais seulement que cet animal fut pour moi une véritable providence au milieu des dangers que j'ai rencontrés. »(Don Bosco, Souvenirs autobiographiques, Paris : Médiaspaul, p. 211-214.



Sources principales  :


Biver Paul, Apôtre et mystique  : le Père Lamy, Chiry-Ourscamp  : Éditions du Serviteur, 1988. 343 p.

Bosco Jean, Souvenirs autobiographiques, Paris  : Médiaspaul, 1995. 224 p.

Boufflet Joachim, Encyclopédie des phénomènes extraordinaires dans la vie mystique, Paris  : F.X. de Guibert, t. 1, 1991  ; Paris  : Jardin des livres  : t. 2 et 3, 2002, 2003. Le t. 1 a reçu l’imprimatur.


Ibid., Faussaires de Dieu, Presses de la Renaissance, 2000.


Brisson Louis, Vie de la vénérée Mère Marie de Sales Chappuis, de l’ordre de la Visitation Sainte-Marie, Paris  : chez M. l’aumônier de la Visitation, 1891. 540 p.

Lataste Marie, Vie et œuvres complètes, Paris : Pierre Téqui, « Coll. Livre d’or des écrits mystiques », 1974. 420 p.

Roullet hervé, L’Amour, le secret des Chrétiens, Paris : Éditions Salvator, 2012. VI, 3, p. 193 sq.

Ibid., Il est ressuscité, Perpignan : Éditions Soceval, 2009. p. 189-194.4.

Thurston Herbert, Les phénomènes physiques du mysticisme, Éditions du Rocher, 1986.













  

Phénomènes extraordinaires de la vie mystique

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